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TEL AVIV ON FIRE

Un film de Sameh Zoabi

Une comédie jouissive où le cauchemar devient vecteur de réconciliation

Le neveu d’un producteur d’une sitcom palestinienne intitulée Tel Aviv on fire, chargé d’aider l’actrice principale à bien prononcer l’hébreu, est arrêté à un check-point. Par opportunisme, il se fait passer pour le scénariste de la série, espérant que cela lui facilitera la vie. Mais l’officier israélien lui met alors la pression, en lui demandant que le dernier épisode consacre le mariage de l’héroïne avec un militaire israélien. Ceci sous peine de lui rendre la vie impossible, à chaque passage quotidien…

Tel Aviv on fire film image

Le point de départ de ce film israélien était assez croustillant : faire du cauchemar quotidien que peut être pour un palestinien le passage d’un check-point, un vecteur de connexion entre un militaire israélien et un homme arabe. Pour cela il fallait sans doute le prétexte de la culture, ici une sitcom au jeu appuyé et aux ressorts dramatiques, comme dialogues, risibles en eux-mêmes, car les ondes télé, elles, ne s’arrêtent pas aux frontières. Lubna Azabal, y joue une espionne, tournant à Ramallah, en Cisjordanie, et passe pour la « diva française ». Et Salam, l’anti-héros, doit lui apprendre à prononcer correctement l’hébreu...

C'est dans le comportement désemparé du personnage principal et dans la « confrontation » scénaristique avec un officier bourré d’idées pour le feuilleton, que réside la sève de cette charmante comédie teintée de politique. Les subterfuges et idées saugrenues ne manquent pas, que ce soit d’un côté pour trouver l’inspiration (un trauma personnel, les conseils d’une mère, les échanges d’un couple dans un café…), ou de l’autre pour faire passer ses visions du romantisme (une ballade en tank, l’apprentissage du tir…) comme ses désirs de changement.

Mettant en avant la bonne volonté de chacun, le scénario, malin, dessine en arrière plan l’espoir faire bouger les équilibres (intimes mais aussi politiques) au travers de la série. Une drôle de mise en abîme, avec le cinéma, qui lui aussi aspire à changer les choses en éveillant les consciences. Drôle, incisif, imaginatif, "Tel Aviv on fire" est une belle surprise, découverte au Festival de Venise 2018, dans la section Orizzonti, où il a valu un fort mérité prix d’interprétation masculine pour Kais Nashif.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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