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TAZZEKA

Un film de Jean-Philippe Gaud

Un conte naïf mais touchant

Élevé par sa grand-mère qui l’éduque aux plaisirs de la bonne cuisine, Elias, désormais jeune adulte, rêve toujours de devenir un chef étoilé. Mais dans son petit village marocain, les rêves de gloire demeurent souvent des chimères. Sûr qu’il peut réussir, le garçon ne compte pas pour autant abandonner, quitte à rejoindre la France…

Un enfant récite des recettes de Joël Robuchon en français. Les mots sont hésitants, la langue bafouille. Mais le jeune Elias ne cesse de se plonger dans les petits secrets du chef étoilé, bien aidé par sa grand-mère, maman de substitution, qui n’est jamais la dernière pour mettre la main aux fourneaux. Si le garçon grandit, sa passion pour la gastronomie ne fait que croître avec lui. Mais pas facile de devenir un grand cuisinier lorsqu’on vit dans le petit village marocain de Tazzeka. Avec ses paysages de carte postale et ses quelques habitants, le hameau n’a en effet pas vocation à ouvrir un restaurant bling bling. Durant de longues minutes, Jean-Philippe Gaud capture la beauté de ces étendues rocailleuses, rien ne venant troubler ce cadre idyllique si ce n’est la belle Salma, en vacances chez son oncle, et dont le mode de vie très parisien ne semble pas convenir aux mœurs locales. Évidemment, Elias va s’éprendre de la sculpturale rebelle, ce qui ne fera qu’attiser ses désirs d’ailleurs, d’autant plus après avoir reçu les compliments d’un chef français de passage.

Conte bienveillant et solaire, le film bénéficie d’une énergie communicative, faisant oublier la banalité de sa trame narrative et les personnages archétypaux qui la peuplent (le patron rustre au grand cœur, la grand-mère protectrice, l’adolescente révoltée). Tombant rapidement dans la mièvrerie et les rebondissements invraisemblables, le métrage parvient à éviter la sortie de route grâce à son personnage principal, magnifiquement interprété par Madi Belem. Si la deuxième partie ne fait qu’accentuer les défauts du film, soulignant son côté naïf à grands renforts de guimauve, cette abondance de bons sentiments prête toutefois à sourire dans les quelques moments où le cinéaste s’aventure à capturer les tourments humains plus qu’à cataloguer les valeurs essentielles à notre société. Si l’on accepte d’abandonner toute préoccupation de réalisme, "Tezzeka" devient même une fable plaisante où le puérilisme de son scénario a le mérite de poser immédiatement les enjeux. Et puis, il n’est jamais désagréable de découvrir des bons petits plats sur grand écran.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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