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SYMPATHIE POUR LE DIABLE

Niels Schneider époustouflant dans un film coup de poing

Le grand reporter Paul Marchand est envoyé en Bosnie en plein siège de Sarajevo. Face au silence de la communauté internationale, le journaliste se donnera pour mission d’exposer les faits, de la manière la plus précise possible, n’oubliant aucun détail, aucun mort. Quitte à y perdre une partie de sa partialité…

Sympathie pour le diable film image

« Don’t waste your bullets, I am immortal », voilà ce qu’on pouvait lire sur la Ford Sierra de Paul Marchand lorsque celui-ci couvrait la guère civile de Bosnie. Grand reporter respecté de ses pairs, sa personnalité radicale avait, elle, tendance à agacer ses confrères sur le terrain. Toujours un cigare à la bouche, prêt à délivrer une leçon de journalisme entre deux taffes, le journaliste était une personnalité hors-du-commun à laquelle Guillaume de Fontenay rêvait de consacrer un film depuis sa lecture de "Sympathie pour le diable". Plus de vingt ans après, le néo-cinéaste a enfin pu réaliser son souhait, nous livrant une œuvre âpre et bouleversante, invitant sa caméra au cœur d’un conflit fratricide comme rarement reconstitué.

Le siège de Sarajevo a commencé depuis quelques mois lorsque le métrage s’ouvre. Paul Marchand s’acharne déjà à faire le récit d’une tragédie que la communauté internationale préfère passer sous silence. Sur place, le Français poursuit la vérité la plus objective et factuelle possible, comptabilisant lui-même le nombre de morts et évoquant chaque détail, même ceux que d’autres pouvaient considérer comme insignifiant. Épuré et sans pathos, ce biopic tâche de concilier le portrait d’un homme complexe et le compte-rendu d’une horreur banalisée. Si par moment, Guillaume de Fontenay semble avoir du mal à trouver l’équilibre pour ne pas négliger un pan de son intrigue, "Sympathie pour le diable" impressionne par l’authenticité poignante qui se dégage des images.

Et si le film doit beaucoup à sa mise en scène nerveuse, son montage aiguisé et le choix judicieux du format carré, la performance de Niels Schneider ("Diamant noir", "Un amour impossible") est également exemplaire. Complètement transcendé, sans aucun cabotinage, le comédien trouve probablement ici son meilleur rôle et retranscrit parfaitement les ambiguïtés de son modèle. Car si le métrage est bien un hommage au travail de l’envoyé spécial, il n’élude jamais les ambivalences de l’homme, les choix questionnables auxquels il décide de s’abandonner. Est-ce qu’un journaliste peut rester impartial face à une telle horreur ? Comment vivre avec la certitude que la présence même d’un étranger altère les comportements ? Au milieu de l’enfer, ressentir une certaine connivence pour ce fameux « diable » est-il humain ? Autant d’interrogations brassées par cette œuvre passionnante et déchirante. À ne pas rater !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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