STRETCH

Un film de Charles de Maux

A cheval entre une semi-réussite et un ratage complet

Christophe est un jeune jockey qui rêve d’avoir enfin sa première course. Seulement, il est difficile pour lui de se faire une place dans le monde équestre à Paris, contrairement à son ami Thierry, qui lui, enchaîne les réussites. Quand arrive enfin sa première chance, il est contrôlé positif et est mis à pied durant six mois. Il saisit l’occasion pour s’expatrier à Macao, en Chine, où parait-il, beaucoup d’autres européens ont réussi avant lui…

On préfère décidément Charles de Maux revêtant sa casquette de producteur pour les films d’Apichatpong Weerasethakul, que celle de réalisateur. Fait avec trois bouts de ficelles, "Stretch" n’a pas vraiment les moyens de ses ambitions, ni le talent d’un grand réalisateur derrière la caméra. C’est d’autant plus dommage que les films sur le monde équestre et tout le business gravitant autour de cet univers sont rares.

Après un interminable générique aussi imposant que cheap dont on comprendra plus tard qu’il fait référence aux textos que s’échangent les deux amis jockeys du film, il est flagrant que le film n’a pas dû bénéficier d’un financement conséquent tant l’amateurisme se perçoit jusque dans la photographie. Les effets de montage ne sont pas en reste. Les fondus au noir s’enchainent et de Meaux use et abuse des ellipses pour relater la correspondance entre Christophe et son ami Thierry à coups de SMS et messages vocaux interposés. Mais si l’idée est plutôt intéressante pour faire avancer le récit, les messages entre les deux potes sonnent souvent faux.

Malgré tout, quelque chose se dégage de ce polar contemplatif. Une certaine atmosphère est palpable. Le réalisateur parvient même à faire décoller son film lors de l’ascension de Christophe en tant que meilleur jockey de Macao. Hélas, ce sera seulement durant une petite demi heure, car c’est au moment où son patron lui demande de tricher pour une course prochaine que le film finit de sombrer dans le n’importe quoi sans queue ni tête. Les motivations des personnages deviennent rapidement complétement diffuses et incompréhensibles.

On voit alors bien que le casting est dépassé. La présence fantomatique de feu David Carradine au cours de deux scènes de trente secondes est anecdotique et cela fait mal de se dire que "Stretch" sera son dernier film… Fan Bing Bing ne paraît, elle non plus, pas savoir sur quel pied danser et c’est seulement Nicolas Cazalé qui s’en sort le mieux malgré un rôle qui a l'air d’avoir été écrit sur à peine trois lignes…

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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