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STREAMFIELD

Un film de Jean Luc Miesch

Sentencieux

Liso Vega est auteur de bande dessinée à succès. Un jour, elle se retrouve destinataire d'un étrange listing comportant le nom de certaines personnalités importantes. Curieuse, elle décide de mener l'enquête, en vue de publier une nouvelle oeuvre...

Difficile à croire, mais voici déjà en salles un film sur l'affaire Clearstream... ou plutôt ici l'affaire "Streamfield", sombre histoire de listings falsifiés, passant de mains en mains, apparemment en vue de discréditer certaines personnes haut placées, parmi lesquelles un certain "Nikozy". Un projet d'autant plus intriguant qu'il réunit quelques pointures du cinéma français, tels Bernard LeCoq, Pierre Arditi ou encore Catherine Jacob. Mais à la vision de cette oeuvre boursoufflée et prétentieuse en diable, on est en droit nous aussi de se demander "au nom de qui" a été réalisé ce film.

Si l'on y regarde d'un peu plus près, on retrouve au scénario, non seulement un ancien des RG, mais également un ex-marchand d'armes pour le compte de l'Etat français, personnages qui semblent en savoir beaucoup sur le fonctionnement des hautes sphères politiques et les manipulations venues des Renseignements généraux. Malheureusement, ces gens-là semblent avoir un peu trop de comptes à régler pour que leur scénario transpire la sincérité. C'est justement là le problème de ce "Streamfield", qui regarde en noir et blanc chacun de ses personnages se faire interroger, et en bon coupable, se livrer avec le moins de naturel possible à une auto-critique en bonne et dûe forme.

Ainsi, chacun d'entre eux semble avoir un surprenant recul cynique sur son propre rôle, aussi peu probable que totalement inutile dans le cadre d'un film sensé générer du suspense. Insupportables, ces passages plombent avec régularité toute tentative d'intrigue, complexifiant un récit déjà peu limpide. Malgré tout l'intérêt que l'on peut porter à la vraie histoire dont s'inspire le film, on peut se poser nombre de questions quant aux motivations d'une telle oeuvre, appelant à la dissolution pure et simple des RG, prétentieuse de bout en bout quant à ses propres analyses et conclusions, et caricaturale au possible envers certains personnages (voir celui de directeur des RG justement, fuyant et goguenard). Si on ne doute pas que les protagonistes du film aiment la vérité, on se demande forcément quels sont leurs liens avec le pouvoir en place aujourd'hui, et en quoi certains méritent un film avant même la fin d'un procès. Mais surtout, au final, on se demande où est le cinéma dans tout cela.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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