STORY OF JEN

Un film de François Rotger

De multiples storylines jamais refermées

Jen a bientôt quinze ans. Elle vit seule avec sa mère, Sarah, dans une petite ville du Québec, depuis la mort subite de son père quelques mois plus tôt. Un soir en rentrant de l'école, sa mère lui présente le demi-frère de son défunt père. Sarah ne sait que très peu de chose de lui et Jen apprend à peine son existence. Sarah va tout de même lui offrir l'hospitalité et Jen va se retrouver fascinée par ce grand barbu bien silencieux…

Pour son deuxième long-métrage, François Rotger a choisi les grands espaces. La nature sauvage du Canada, il l'aime et cela se ressent. Dès les premières images, on est tout de suite captivé par cette mise en scène en suspension, contemplative qui donne à cette œuvre cet aspect intimiste. De chaque plan de paysages pourtant si paisibles, émane une sourde et sauvage violence bien mieux rendue que dans "Antichrist" car moins tape à l'œil.

Cette violence, elle est palpable aussi dans la voix de Jen qui nous compte ses souvenirs d'un père disparu, victime d'une fin tragique et subite (la séquence de flash-back de la découverte du corps en est poignante à elle seule). Même si l'interprétation n'est pas des plus pointue, on reste captivé par les interrogations de Jen, ou encore par le personnage de sa mère en proie au deuil de son mari. La première partie se suit donc avec attention via cette incursion intimiste dans la souffrance liée à la perte de l'être aimé.

Malheureusement, l'intrusion du "beau-demi-frère" va faire basculer le spectateur dans l'incompréhension. On ne sait ce que cet étranger vient faire là. Est-il vraiment de la famille ? D’où vient-il ? Sous ses airs d'homme brut sauvage, est-ce un pervers ? Un simple d'esprit ? Ou tout simplement un fantasme de la petite Jen qui veut marcher sur les traces de sa mère ? Toutes les questions sont posées mais aucune n'est creusée. On ne comprend pas non plus les motivations de son amie du lycée.

François Rotger ouvre des pistes mais ne les referme jamais. Il préfère se concentrer sur une chasse à l'homme finale qui n'a que peu d'intérêt sinon de nous faire découvrir les magnifiques plaines du parc national du Québec. Pour couronner le tout, toute l'ambiance du début du film est balayée par des ruptures de rythmes malvenues et par les multiples pistes fouillis qui donnent au final l'impression que le réalisateur est passé à coté du sujet. Dommage, c'était pourtant si bien parti.

Alexandre RomanazziEnvoyer un message au rédacteur

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