SONG FOR MARION

Papy fait de la résistance en musique

Arthur et Marion sont deux octogénaires que tout oppose mais qui s'aiment par dessus tout. Lui est plutôt du genre vieux râleur associable tandis qu'elle pétille de vie et fait partie d'une chorale du 3e âge menée tambour battant par la jeune Elizabeth. Alors que Marion se bat contre son cancer, Arthur se rapproche de la chorale et va apprendre tant bien que mal qu'il n'est jamais trop tard pour changer.

"Song for Marion" est un vrai beau film. Certes le sujet est loin d'être original et le film évite (délibérément) toute prétention esthétique, mais Paul Andrew Williams sait raconter une histoire et parvient à nous émouvoir. Résultat : le film sonne vrai et offre une grande justesse de ton. Bien qu'il accumule un certain nombre de poncifs, il ne cherche pas à nous mettre la larme à l’œil ni à nous insuffler une quelconque morale. C'est aussi une quête, celle d'Arthur, qui ne sait pas comment s'ouvrir au monde et s'enferme dans des abîmes de solitudes car il est incapable de partager sa peine. En se joignant à cette chorale décalée, il se redécouvre en tant qu'homme et réapprend petit à petit des valeurs simples qui lui étaient devenues étrangères. Sous la carapace se cache en fait un joyeux drille.

Après une première partie narrant le combat contre la maladie à travers la musique, Arthur va devoir faire face à la perte de sa moitié, et ne sait pas comment faire son deuil. Grâce au soutien d'une fille de substitution toute trouvée en la personne d'Elizabeth, la coach vocal (qui y gagnera une figure paternelle) et d'une pléiade de vieux forts sympathiques, il pourra enfin comprendre sa femme et lui rendre un dernier hommage en chanson. Bien sûr, on est à cent lieues du bouleversant "Amour" de Michael Haneke, qui lui abordait la question de la disparition à travers la dégénérescence de l'être aimé. L'histoire manque singulièrement de relief, mais "Song for Marion" ne manque en aucun cas de peps.

Tout le mérite en revient à des acteurs plus que formidables avec en tête un Terence Stamp criant de vérité et une pétillante Vanessa Redgrave au sommet de son art. Quant à Gemma Aterton, la star montante du cinéma britannique ("Tamara Drewe", "Hansel et Gretel"), son charme et sa fraîcheur insufflent au film ce petit quelque chose qui le rend authentique. Et puis il y a le « glee club » des vieux, qui nous font rire en jouant les robots sur de la pop et qui osent chanter « Let's talk about sex » des Salt N Pepa. S'en dégage une bonne humeur communicative qui redore le blason d'un troisième âge montré comme soudé, indépendant et dynamique, à l'image de l'héroïne de ce conte moderne, Marion. Comme quoi, être jeune, c'est surtout dans la tête. Une belle fable qui touche au cœur et qui devrait réconcilier les générations.

Tristan GauthierEnvoyer un message au rédacteur

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