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SOEURS D'ARMES

Un film de Caroline Fourest

Un drame explosif mais trop artificiel

En plein cœur du Kurdistan irakien, Kenza et Yaël rejoignent une troupe d’agentes spéciales. Sans aucune expérience du combat, elles découvrent sur place l’horreur des massacres des populations yézidies. Ensemble, ces sœurs d’armes vont risquer leur vie pour sauver celle des autres et les valeurs auxquelles elles sont attachées…

Soeurs d'armes film image

En tant qu’essayiste et journaliste, Caroline Fourest s’est particulièrement intéressée aux questions du fanatisme religieux et du féminisme. Rien de surprenant à la voir s’emparer d’un sujet brassant ses thèmes de prédilection pour son premier long métrage. La caméra nous plonge ainsi au cœur du Kurdistan irakien, en 2014, lorsque la population yézidie se fait exterminer dans l’indifférence de la communauté internationale. Sur place, pourtant, des combattants kurdes, mais également quelques forces étrangères, luttent pour essayer d’endiguer la folie meurtrière de Daech. Deux jeunes françaises, Kenza et Yaël, décident de s’engager auprès des Red Snakes, une troupe composée uniquement de femmes dont le succès des « opérations spéciales » commence à se murmurer dans toute la région. Ensemble, ces sœurs d’armes bravent la peur et les oppresseurs, sans jamais trembler devant les dangers encourus.

Bien plus documenté et moins mielleux que "Les Filles du soleil", tentative ratée d’Eva Husson de rendre hommage aux guerrières kurdes, le film n’évite malheureusement pas quelques écueils comparables : musique grandiloquente, dialogues mélodramatiques appuyés et discours théoriques scolaires. Et le noble geste de cinéma de se transformer progressivement en un pensum dérangeant. Car à vouloir donner mécaniquement un passé douloureux à chacune de ses protagonistes, la néo-réalisatrice enferme son œuvre dans un systématisme malvenu, comme si le drame exposé ne se suffisait pas à lui-même. Or là est précisément le problème de cet essai de Caroline Fourest, vouloir exacerber ce que les faits bruts et les non-dits racontent bien mieux. Ampoulé et maladroit, le métrage se perd au cœur de sa poussière ensanglantée, oubliant que l’image la plus percutante est simplement de constater sur le visage angélique de la révélation Dilan Gwyn les stigmates des horreurs vécues.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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