Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

LE SILENCE DE LORNA

2 mariages, 1 enterrement

En Belgique, Lorna, une jeune femme d’origine albanaise se marie avec un jeune belge drogué, Claudy, dans le but d’obtenir la nationalité, et faire venir son copain avec lequel elle souhaite monter un snack-bar…

Lorna est une jeune femme prête à tout pour voir son rêve de vie se réaliser, et cela implique une immigration en Belgique, un mariage « blanc », afin d'obtenir la nationalité belge, et un meurtre pour obtenir un divorce sans laisser de témoin. Afin de mener sa mission à bien, elle est obligée de vivre pendant 6 mois avec Claudy. Elle fera tout pour le déshumaniser, ne lui adressant que très peu la parole, rejetant tous ses appels à l'aide, alors qu'il est en manque. Le seul fait de reconnaître qu'il puisse exister dans sa vie pourrait induire en elle un sentiment de culpabilité, face à sa mort prochaine, et déjà orchestrée. Or, l'être humain est fait tel que, la vue de la détresse de son « mari » la touche, et elle va essayer de trouver des subterfuges pour divorcer sans être obligée d'en arriver à un drame.

Sujet peu abordé de l'immigration en Europe, et de la manière dont des centaines de personnes d'Europe de l'Est essaient d'appartenir à l'Europe de l'Ouest, « Le silence de Lorna » nous plonge dans un univers sombre où la place aux scrupules reste faible quant à la valeur de la vie. En maitre de cérémonie, Lorna, personnage froid, bien que quelque peu perturbé par le dessein qu'elle a elle-même choisi pour Claudy, reste une femme à la détermination au delà du commun, qui donnerait tout pour échapper à sa condition et se créer un petit nid pour son homme et elle. A la fois victime et bourreau du système, elle finira par le rejeter, se menant petit à petit vers sa perte.

Contrairement à leurs précédents opus, les frères Dardenne ont réussi à offrir un film plus grand public que les précédents. « Le silence de Lorna » présente moins de longueurs et de plans fixes, plus d'énergie, notamment apportée par les choix musicaux de la B.O. avec Deus, Ghinzu et Girls in Hawaï (3 groupes belges, probablement choisis par Jérémie Rénier). On est transporté par ce combat de femme, qui malgré ses défauts provoque chez le spectateur une certaine sympathie sur la fin.

Malgré le peu de personnages, chacun joue à merveille son rôle : Jérémie Rénier, impressionnant en junkie repenti, où il a clairement travaillé son rôle au corps (il apparaît affaibli et maigre), Fabrizio Rongione en « mac » à temps partiel et la belle Arta Dobroshi dont on peut saluer la performance, pour une jeune actrice serbe qui ne parlait pas du tout français avant le tournage.

« Le silence de Lorna » est au final un très beau film, de ceux qui font réfléchir, mais c'est aussi une belle histoire d'amour.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire