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THE SALVATION

Un film de Kristian Levring

Un western efficace bien que trop prévisible

Jon, un pionnier danois ayant tenté l’aventure américaine pour faire fortune, était tout heureux de retrouver sa femme et son fils. Mais ce retour ne se passe pas comme prévu et deux ivrognes rencontrés sur le chemin vont tuer ses chers et tendres. Après s’être vengé, sa tête se retrouve mise à prix, et seul, il devra affronter le terrible Delarue et tout son gang, pour sauver sa peau…

Pour son nouveau long-métrage, le réalisateur danois Kristian Levring a décidé de rendre hommage aux westerns américains, en nous offrant sa propre version du genre. Les codes sont ainsi respectés ; les brutes épaisses, cigares à la bouche, les ivrognes, les femmes aux poitrines avantageuses, tous sont présents dans cette terrible histoire de vengeance. Jon était un pionnier danois, sans histoire, venu en Amérique pour s’enrichir. Mais il manquait à son bonheur sa femme et son fils, restés au pays. Alors lorsque ceux-ci débarquent du vieux continent, il s’imagine immédiatement le conte de fée qu’ils vont vivre. Mais, nécessité scénaristique oblige, la belle et sa progéniture se font tués par deux truands trop alcoolisés. Et après avoir obtenu vengeance, le Danois se retrouve pourchassé par Delarue et tout son gang pour avoir osé assassiner le frère de celui-ci.

De ce postulat dramatique, le cinéaste en tire un western âpre dont la violence s’intensifie au fur et à mesure que le personnage parfaitement interprété par Mads Mikkelsen zigouille tout sur son passage. Dans une esthétique se situant entre "300" et "Watchmen", le réalisateur magnifie ces paysages poussiéreux et désertiques, créant un superbe décor pour la sauvagerie animale qui va s’emparer des protagonistes. Et au milieu de ces hommes aux faces patibulaires, c’est d’un personnage féminin que va naître toute l’originalité du métrage, une veuve à la beauté fatale et à la langue coupée. Eva Green est ainsi excellente dans le rôle ambigu de cette femme dont un simple regard est plus douloureux que tout impact de balles.

Multi-référencé, "The Salvation" souffre néanmoins de son manque d’inventivité, le métrage se contentant de s’inspirer de ses illustres modèles sans véritablement chercher à les dépasser. Hommage à Sergio Leone, ce western, sur fond de spéculations immobilières, est rudement exécuté et terriblement efficace. Mais on aurait aimé que le réalisateur dépasse ce cadre formel pour plonger dans les tourments des personnages, ce qui aurait offert une plus grande envergure aux différents méchants. Car si Mads Mikkelsen est parfait, c’est du côté de ses rivaux que le bât blesse, ceux-ci manquant cruellement de profondeur pour rendre l’affrontement captivant.

Malgré ses défauts, "The Salvation" reste un pur moment de fun, aussi jubilatoire qu’éphémère. Et si le film sera vite oublié à la sortie de la salle, il nous aura tout de même offert des duels dignes de ce nom, et Éric Cantona en cow-boy, ce qui n’est pas négligeable. Notre plaisir coupable de la semaine.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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