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SA MAJESTE MINOR

Une histoire de fous légendaires

Dans l'antiquité, au cœur du monde méditerranéen, Minor, être humain élevé par une truie dès son plus jeune âge, coule des jours tranquilles dans la porcherie d'un petit village. Alors que, du haut d'un arbre, il espionne Clytia, la jolie fille du patriarche, il tombe et se tue. Il ressuscite ensuite miraculeusement, recouvrant à cette occasion la parole. Sur les conseils du devin, Minor est sacré Roi...

Jean-Jacques Annaud, réalisateur à la filmographie hétéroclite et imprévisible, revient à la langue française et à la comédie pour « Sa Majesté Minor », film « mythologique », à la fois original et troublant par sa forme et par son histoire. La période Antique autorise liberté, rêverie et folie. Ainsi ce film, frôlant avec le fantastique, est imprégné d'une grande simplicité et, en même temps d'une réelle extravagance. Toutefois, la présentation des coutumes de l'époque, en comparaison avec nos interdits et nos mœurs, fait parler la société moderne, et notamment nos religions monothéistes. L'humour permis par ce décalage, s'avère intéressant même s'il y a parfois quelques lourdeurs dans le scénario.

Le jeu des acteurs principaux est excellent : José Garcia (Minor), méconnaissable en homme-cochon, est très crédible dans un personnage profondément émouvant ; Vincent Cassel est surprenant mais convaincant dans sa formidable interprétation de Pan, Dieu humain aux pieds de bouc ; Mélanie Bernier (la belle Clytia) incarne la grâce et la légèreté du film. De plus, leur jeu est porté par un espace visuel lumineux aux couleurs saturées, typiquement méditerranéen, et par la musique (dont l'obsédant et plaisant thème interprété à la flûte de Pan), créée par le compositeur de la Bande Originale du « Labyrinthe de Pan », Javier Navarrete.

Ce retour à l’Antiquité était un exercice difficile et Jean-Jacques Annaud, habitué de films « historiques » (« Le nom de la rose », « La guerre du feu »), relève avec succès le défi de créer un univers complètement délirant autour des légendes antiques. A envisager de voir donc.

Laureline Masson, Terminale Littéraire
Tom Gineyts, Terminale Scientifique

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Jean Jacques Annaud va forcément diviser. D'abord parce que l'improbable sujet de son film, l'histoire d'un homme cochon devenu Roi, confère au conte mythologique chaotique, mélangeant allègrement toutes sortes de références antiques, du Dieu Pan aux Centaures. Ensuite parce que les dialogues signés Gérard Brach (décédé depuis), sont d'une crudité et d'un lyrisme réjouissants, mais virent parfois au scato convenu. Mais il faut bien admettre que le projet, fortement documenté au niveau reconstitution (des habitats de pierre, jusqu'aux costumes de lin), était en soi une gageure dès le départ, et que le monde ensoleillé qui s'offre à nos yeux éveille à chaque instant tous nos sens.

Au coeur de cet univers fortement sexué, José Garcia, blond, une sorte de nid à colombes sur la tête, s'interroge sur la fidélité et son appartenance à la race humaine, dont il découvre l'éloquence et l'influence du pouvoir. Délicieusement éberlué, l'acteur s'en donne à coeur joie dans l'évolution d'une naïveté vers une conscience innommable. Face à lui, les hommes de la tribu affirment leur domination par des costumes aux sexes en érection qui grandissent au fil des scènes, et les femmes usent de leurs armes physiques pour convaincre. Mélangez tout cela avec un peu de magie, avec moult oracles, mages et vous obtenez une sauce pas toujours légère mais inventive à souhait que même les plus récalcitrants devraient trouver à leur goût.

Rémy MargageEnvoyer un message au rédacteur

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COMMENTAIRES

plaquemine

mercredi 6 mars - 3h26

Un film qui, à l'époque de sa sortie, présageait bien, voire encourageait l'actuelle descente de la société française dans la barbarie.

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