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ROUGE

Un film de Farid Bentoumi

Red Waters

Nour vient s’être embauchée comme infirmière dans l’usine chimique où travaille son père, délégué syndical. Elle découvre vite, au cours du contrôle sanitaire, que cette usine, pourtant pilier de l’économie locale, cache bien des secrets pour ce qui est de la gestion des déchets et met en péril la santé des travailleurs en recourant à des dossiers médicaux trafiqués. Entre adhérer à la loi du silence et suivre l’exemple d’une journaliste locale déterminée à faire éclater la vérité, Nour va devoir faire un choix…

Rouge film movie

Au vu de ce qu’est "Rouge", de quels sont ses enjeux humanistes et politiques, et surtout de sa mécanique narrative, on aurait pu être tenté de décalquer la majorité de notre critique du récent "Dark Waters" de Todd Haynes, tant le film de Farid Bentoumi donne l’impression de s’imposer en remake inavoué. Le film déçoit-il pour autant ? Tout dépend de ce qu’on en attend. Côté thriller écologique, le film s’impose certes en relecture d’un fait divers bien réel (le scandale des boues rouges de l’usine chimique Alteo Gardanne dans les Bouches-du-Rhône, ici délocalisée du côté de Grenoble), mais ne surprend guère en plaçant comme épicentre de son récit un cocon familial fragilisé et mis en péril par l’activisme d’un individu face au silence du groupe – soit l’enjeu n°1 de la plupart des téléfilms sociaux qui pullulent sur le tube cathodique. Rien ne manque à la liste des cases à cocher : la journaliste activiste qui se la joue lanceur d’alertes, le dilemme impossible entre l’emploi à garder et la santé à préserver, le clash intergénérationnel, le silence des autorités locales… Un film-dossier de plus, donc ? Eh bien… oui.

D’accord, les acteurs sont tous irréprochables, de Sami Bouajila en syndicaliste résigné à Zita Hanrot en infirmière téméraire en passant par Céline Sallette en mode Mediapart. D’accord, le récit tient en haleine, mais il se contente de flatter une indignation d’une heure et demie (une durée tout de même sacrément réduite !). D’accord, certaines images marquent la rétine (mention spéciale à ce travelling arrière en drone qui dévoile la couleur rouge d’un lac pollué), mais elles sont trop rares, zébrant un film qui compresse ses enjeux dans un montage trop précipité, comme si l’important tenait moins dans l’évocation des cadres que dans l’expression des thèmes. D’où un film mi-figue mi-raisin qui, en fin de compte, ne fait que synthétiser en surface là où il aurait dû creuser en profondeur. Est-ce donc si étonnant qu’on l’ait oublié quelques heures après l’avoir vu ?

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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