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ROBUSTE

Un film de Constance Meyer

Du charisme et de l’envergure

Georges, un acteur vieillissant, capricieux désabusé, a des problèmes de santé et un caractère bien trempé. Il a donc constamment besoin d’un assistant pour organiser sa vie personnelle et professionnelle. Alors que ce dernier doit s’absenter durant plusieurs semaines, c’est la jeune Aïssa qui le remplace…

Robuste film movie

Commençons par le plus évident : "Robuste" s’avère vigoureux dans ses dialogues, presque dignes du "Goût des autres" d’Agnès Jaoui. Percutantes, drôles, savoureuses, intelligentes, les répliques participent grandement à rythmer le film et à le rendre à la fois divertissant et subtil, certaines étant de véritables mille-feuilles aux multiples interprétations. Ajoutons une autre évidence : le duo Lukumuena-Depardieu fait des merveilles, la première prouvant qu’elle n’avait pas usurpé son César reçu pour "Divines" et le deuxième se montrant plein d’autodérision en interprétant presque son propre rôle – ce qui ne fait pas pour autant de "Robuste" un documentaire fictif sur l’acteur.

Il serait toutefois trompeur de ne voir, dans le long métrage de Constance Meyer, qu’un simple film de dialogues, uniquement centré sur la performance d’acteur, où l’image ne servirait à rien. La réalisatrice se montre notamment efficace dans sa façon de filmer les corps en interrogeant en même temps les dimensions charnelles et psychologiques de ses protagonistes. Le film ne s’appelle pas "Robuste" pour rien : Lukumuena et Depardieu partagent évidemment une certaine corpulence, qui ne permet pas toujours à leurs personnages d’être à l’aise avec leur physiologie, mais la robustesse fait également référence à leur capacité de résistance et d’adaptation dans une société qui parfois les méprise.

La comparaison avec "Le Goût des autres" vaut par ailleurs pour d’autres aspects : des thématiques communes (la solitude, la notion de goût ou d’attirance, la difficulté à s’intégrer dans un milieu qui n’est pas le nôtre…), des rencontres inattendues (notons également que la mission provisoire d’Aïssa peut faire penser à celle, tout aussi temporaire, du personnage de Gérard Lanvin dans le film de Jaoui) ou encore une place accordée à des chœurs lyriques dans la bande-son (ici des compositions originales de David Babin, alias Babx). Au final, Constance Meyer malaxe à son tour les clichés pour en tirer du neuf. Si ce n’est pas encore aussi brillant que chez Agnès Jaoui, c’est un beau départ pour son premier long métrage.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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