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THE PRODIGIES

Un film de Antoine Charreyron

Prodigieux sur le fond, moins sur la forme

Jimbo Farrar, brillant chercheur à la tête de la fondation Killian pour surdoués, a un pouvoir : il peut rentrer dans l'esprit des gens et les contrôler comme de simples marionnettes. Un pouvoir certes dangereux, mais qu'il a su contrôler pour ne pas créer le chaos autour de lui. Quand cinq jeunes adolescents surgissent de nulle part et font preuve des même facultés que lui, Jimbo est aussi fasciné qu'effrayé : il n'est donc pas seul. Mais ces cinq êtres hors du commun présentent un réel danger : ce pouvoir leur permettra d'assouvir leurs pires désirs de vengeance...

En considérant les quelques films d'animation français sortis sur les écrans ces dernières années (« L'Illusionniste », « Persepolis », la série des « Arthur » de Besson...), on ne peut que constater qu'il y en a pour tous les goûts, de l'imagerie traditionnelle au dessin numérique en 3D. Étrangement, « The Prodigies » se situe un peu au milieu. D'une part, le film apporte son lot de spectacle et d'adrénaline. L'affiche, joli mélange entre « Inception » et « Watchmen », tente manifestement d'attirer le spectateur dans un univers de science-fiction destructrice au héros testostéroné. Difficile alors de s'imaginer que le héros de notre histoire est en réalité un adepte de la non-violence, plus proche de Gandhi que de Judge Dredd ! En effet, le film est loin de n'être qu'un pur divertissement estival, au contraire.

Le principal sujet du film est la violence. Celle que l'on subit des autres, mais aussi celle que l'on garde à l'intérieur de soi et qu'on laisse parfois sortir pour ne pas avoir su la contrôler : celle qui fait que le principal ennemi n'est pas l'autre mais soi-même. Bien qu’assez commun, le sujet s’avère plus intéressant en étant abordé sous cet angle qu’au travers de l'usuel manichéisme décérébrant avec lequel Hollywood nous gave depuis des lustres. De plus, l’animation permet de traiter la représentation de cette violence avec finesse. Lors des scènes en question (qui ne nous épargnent rien), les agresseurs sont l'espace d'un instant transformés en créatures monstrueuses, permettant d'atténuer la vision d'actes insupportables sans pour autant que la situation perde de son impact. Ces scènes deviennent alors très impressionnantes et, sans être belles (ne glorifions pas des actes inhumains), elles font preuve d'un esthétisme particulièrement captivant. Une vraie réflexion conditionne donc ce qui ne ressemblait au départ qu'à un prétexte pour faire s'affronter des super-héros entre eux.

Le graphisme, qui fait penser à un jeu vidéo, pourra en rebuter plus d'un par son aspect inachevé (les personnages, taillés à la hache, ne sont pas conçus dans le détail), mais il a au moins le mérite de montrer quelque chose de différent, dans la lignée de « Renaissance » (2006), la couleur en plus. La 3D, visiblement utilisée à des fins purement commerciales, n'apporte rien de plus et se fait très vite oublier, sauf quand la migraine se déclare à la fin de la séance. Et comme souvent dans toutes ces productions en 3D qui ne cessent de proliférer depuis « Avatar », les seules choses que l'on a vraiment peur de se prendre en pleine face, ce sont les M&m's dans la pub qui précède le film.

Rémi GeoffroyEnvoyer un message au rédacteur

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