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LE PROCÈS DU SIÈCLE

Un film de Mick Jackson

Intéressant quoiqu'un peu plat

Deborah Lipstadt est une historienne spécialiste de l'Holocauste. Un jour pendant l'une de ses conférences, elle est prise à partie par David Irving, un auteur anglais négationniste se présentant lui aussi comme un historien. Critiqué à de nombreuses reprises dans les écrits du professeur Lipstadt, Irving décide de l'attaquer en justice pour diffamation. Le procès se tiendra à Londres, et comme le veut la loi britannique, en tant que diffamatrice présumée, ce sera à Deborah Lipstadt de prouver que la Shoah a bel et bien existé…

L'histoire vraie d'un procès tournant autour de l'un des thèmes les plus controversés de l'histoire, un casting attrayant et un réalisateur ayant déjà fait ses preuves avec un film comme "Bodyguard", sur le papier, "Le Procès du siècle" avait tout pour être un grand biopic au même titre que "Harvey Milk" ou "Ray". Malheureusement, le film de Mick Jackson n'est pas de ceux-là. En effet, même si le long métrage est plutôt intéressant et bien construit, il manque quelque chose pour en faire un biopic vraiment efficace.

Cela tient en partie à l'acting, primordial dans ce genre de film. Ici, il est plutôt décevant quand on connait les références de la plupart des comédiens : Rachel Weisz brillante dans "The Fountain", Tom Wilkinson que l'on avait pu voir dans des films comme "Eternal sunshine of the spotless mind" ou "Snowden", Timothy Spall apparu dans "Le discours d'un roi", "Sweeney Todd, le diabolique barbier de Fleet Street", ou encore les six derniers épisodes de la saga "Harry Potter", mais aussi Andrew Scott, le professeur Moriarty de la série "Sherlock". Malgré tous ces beaux CV, le casting peine parfois à captiver le spectateur. Dommage, étant donné la tension émotionnelle que comportait ce procès, en particulier pour le professeur Lipstadt, cette dernière ayant littéralement voué sa vie à la mémoire de la Shoah. Malheureusement, ce potentiel émotionnel n'est pas toujours exploité à son maximum.

Mais ce n'est pas le seul problème du film. En effet, un biopic étant contraint par l'histoire dont il s'inspire, il peut être difficile de rendre chaque situation et chaque événement parfaitement cinégénique. C'est d'autant plus vrai lorsque le background du film est aussi sensible que celui-là. La production a par exemple dû reprendre textuellement les échanges du procès pour ne pas être accusée à son tour de réécrire l'histoire. C'est ce qu'explique le scénariste David Hare responsable de l'écriture du film. "Il me fallait quatre à cinq heures pour lire les minutes d'une journée de procès. Vous pouvez imaginer ma réaction première : 'Faut-il vraiment que je lise les minutes de 40 jours de procès ?' Je ne pouvais en aucun cas inventer des situations qui ne se sont pas produites au tribunal." Il s'agit d'une difficulté intrinsèquement liée à ce genre cinématographique, même si des films comme "Imitation game" ou "The social network" parviennent à la surmonter et à transcender la réalité.

Au final, peu importe d'où vient ce petit quelque chose qui empêche "Le Procès du siècle" d'être vraiment un bon biopic, le résultat est là. Si le film est intéressant et ne commet pas de grosse erreur, on ressort, malgré tout, de la salle en se disant que cette histoire exceptionnelle aurait mérité un autre traitement.

Adrien VerotEnvoyer un message au rédacteur

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