LE PETIT LIEUTENANT

Un film de Xavier Beauvois

Elle est belle la police !

A la fin de son école de police, Antoine (Jalil Lespert) décide de s’engager dans la brigade judiciaire pour assouvir ses envies de gloire et enfin monter à Paris, où il pense trouver de ‘l’action’. Dans la même division, Caroline Vaudieu (Nathalie Baye) est réintégrée après une cure de désintoxication pour son alcoolisme. Les 2 protagonistes vont intégrer une équipe de la PJ, et tenter de démasquer un réseau de mafieux russes…

L’intérêt premier, et à vrai dire le seul, de ce long métrage réside tout de même dans les yeux d’Antoine, un jeune plein de rêves qui décide de tout donner pour son métier, abandonnant sa compagne au Havre, sa ville de résidence, pour le grand Paris. Tout au long du film, tel un gamin qui attend patiemment son cadeau, Antoine apprend, suit ses collègues et rêve de terrain. On sent un profond respect pour l’institution qu’il sert, et un réel désir de jouer les justiciers. Les désillusions prendront place au fur et à mesure, sans qu’il puisse être acteur, mais simple spectateur de ce théâtre.

La police judiciaire est dépeinte comme un club de vacances : bureaux aux allures de chambres universitaires avec moquette au mur, posters de playmate et affiches de cinéma, cadavres de bouteille en pagaille, etc. Il semble alors difficile de croire que l’intention du réalisateur serait de glorifier cette noble institution, bien au contraire. Les officiers rechignent à partir en mission, ne cherchent pas vraiment à élucider les affaires, et sont très heureux de rentrer le soir dans leurs familles respectives, ce que n’arrive pas à comprendre le jeune lieutenant, qui est là pour récolter les lauriers de la gloire. Compte tenu des événements récents, on se demande s’il est nécessaire de montrer le monde de la PJ de cette manière.

Cependant, associer la police et l’alcoolisme était un cliché que le réalisateur a osé orchestrer avec succès. En effet, après deux années d’absence, Caroline (Nathalie Baye) réintègre ses bureaux. Pour tenir le choc, elle prend sous son aile Antoine, le « petit lieutenant » en qui elle voit son fils, mort à l’âge de 7 ans, qui aurait eu aujourd’hui l’âge d’Antoine. A travers lui, elle revit sa vie de mère, distante et protectrice à la fois. Avec sa délicatesse dans ce monde masculin, elle arrive à diriger son équipe avec une profonde tendresse et fermeté.

‘Le petit Lieutenant’ est malgré ces beaux portraits, un film sans grande surprise, avec une Nathalie Baye aux traits fatigués mais excellente dans le rôle de femme de tête diminuée par l’alcool, Jalil Lespert en grand gamin avec de la poussière d’étoile pleins les yeux et une police nationale au blason terni. Au final, le manque d’originalité de l’histoire déçoit, car Xavier Beauvois avait pourtant tous les ingrédients pour nous tenir en haleine…

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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