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PERSONA NON GRATA

Un film de Roschdy Zem

Balais de relations sans émotion dans le BTP du Sud de la France

Maxime et José sont entrepreneurs immobiliers. Ils rêvent de grandeur, mais leur patron, un vieux de la vieille est réfractaire à leurs idées. Ils décident de le faire éliminer. Mais Maxime prend peur au dernier moment et veut faire marche arrière. Rien à faire, il meurt dans un accident de voiture avec sa compagne. Maxime est très atteint. La situation se tend encore d’un cran quand Moïse, l’homme qu’ils ont payé pour commettre le crime, s’invite sur le chantier et veut s’associer avec eux…

Persona Non Grata 2019 film image

Roschdy Zem se donne le beau rôle dans "Persona non grata". Il est Moïse, le destructeur. Moïse l’homme de main, le tueur sans foi ni loi autres que les siennes. Un homme qui fixe son propre code moral, qui fait peur et qui séduit. Un homme violent et fort, un homme qui connaît les mécanismes du milieu et des gens avec lesquels il évolue.

Face au charismatique Moïse il y a José Nunes et Maxime Charras. José est le fils d’une famille de truands, d’arnaqueurs, d’hommes qui ont fricoté avec la pègre et qui se pensent très malins. Des hommes qui veulent dénicher la bonne idée pour s’enrichir sans rien faire. Maxime Charras, lui, avait grandit dans la petite maison sous celle des Nunes. Il ne doit sa réussite qu’à sa hargne et à son intelligence. Il est fondamentalement honnête. Pourtant, premier élément non crédible niveau scénario, c’est Maxime qui propose d’éliminer leur patron.

Soit, mais pour faire accepter des personnages aussi caricaturaux, il faudrait une galerie de personnages secondaires les mettant en valeur et tissant progressivement une empathie entre les trois protagonistes et le spectateur. Mais non : la fille du grand patron est une enveloppe de luxe vide. ; les deux entrepreneurs ont chacun à leur manière des femmes objets, simples faire valoir. Même l’amante de Maxime ne le rend pas plus profond car elle arrive pour colmater une brèche et n’a pas d’existence propre.

Cette galerie de personnages ne semble être reliée que par le chantier, le travail, et pourtant même cette partie n’est pas bien exploitée. Les détails juridiques de l’attribution des projets, la violence d’une communauté entière qui se fait jeter dehors pour quelques centaines d’euros, les manigances politiques et même les vols sur les chantiers, sont à peine mentionnés.

Ainsi, si vous souhaitez voir un film assez vide, à la photo très sombre, avec Roschdy Zem en roue libre, qui n’hésite pas à sortir les poings et son visage apathique pour donner des claques à tour de bras et des leçons de vie, alors n’hésitez pas. "Persona non grata" est un film sans grande motivation, ni grande justification, qui aborde un problème très actuel (la revalorisation du littoral et ses effets sur la population locale), et un autre problème très actuel (la corruption dans les projets d’aménagements urbains et les partenariat public-privé), tous deux intéressant, mais sans jamais les traiter vraiment.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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