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PAULETTE

Un film de Jérôme Enrico

La mégère apprivoisée

Excellente pâtissière, Paulette tenait avec son mari un petit restaurant. Malheureusement l’alcoolisme de l’époux provoqua la faillite de la petite entreprise. À présent veuve, Paulette est une vielle dame acariâtre et profondément raciste. Ruinée et privée de ses meubles par les huissiers, elle récupère par hasard une grosse quantité de haschisch : l’occasion rêvée pour se renflouer et tenter une nouvelle carrière, celle de dealeuse…

Décidément, voilà un prénom qui ne présage rien de glorieux. Mis à part le fait qu’elle soit la reine des paupiettes, Paulette n’est pas vraiment à la fête depuis le mythique sketch de Guy Bedos. Rien d’étonnant alors de la retrouver ici, donnant son nom à un personnage certes doué pour la cuisine, mais profondément détestable. Notre Paulette n’a en effet rien pour elle. Mauvaise mère, odieuse avec ses copines, grippe-sou, la vieille dame en veut à la terre entière et plus particulièrement aux étrangers. Raciste et réac, elle incarne sans aucune nuance, LA méchanceté.

Voilà donc un sujet fort alléchant, qui peut révéler des trésors de cynisme, à condition d’appuyer le trait juste là où il faut. Étienne Chatilliez en avait fait un art avec sa cruelle « Tatie Danielle », Jérôme Enrico, lui, n’aura malheureusement pas ce talent. Effectivement, Paulette a beau être exécrable et son entourage profondément gentil, aucun des personnages ne s’échappe du réel pour devenir une désopilante caricature. Pas assez acerbe, le propos oscille entre satire trash et comédie de Papa. Pour donner du fond au film, l’auteur éclipse petit à petit le ton sarcastique pour flirter avec les bons sentiments. Un scénario finalement assez classique qui use parfois de raccourcis un peu légers pour arriver à ses fins.

Cependant, malgré tous ces griefs, « Paulette » n’est pas si désagréable à regarder. Une fois le fait établi, que la vieille dame n’est pas aussi mauvaise qu’elle en a l’air, le personnage est assez attachant. Ses mésaventures sont, somme toute, joyeusement cocasses et la fin est assez bien trouvée. En fait, le grand atout du film, ce sont ses actrices. Seniors à présent, Carmen Maura et Dominique Lavanant, ainsi que la doyenne Françoise Bertin, forment une chaleureuse troupe qu’on a plaisir à retrouver. « Paulette » n’est pas parfaite, certes, mais réflexion faite, voilà une comédie honnête, brillamment interprétée par… Bernadette.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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