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L'ONCLE CHARLES

Un film de Étienne Chatiliez

Question de mode ?

Alors qu'il vient d'apprendre que ses analyses sont mauvaises et qu'il n'en a plus forcément pour longtemps, un richissime français, ex-champion de rugby ayant fait fortune dans l'équipement sportif du côté de l'hémisphère sud, se met à la recherche de sa sœur, disparue lorsqu'il n'était qu'enfant. Recevant l'avis de recherche, une notaire arriviste se met en charge de retrouver la dite sœur, avant de monter une arnaque avec son amie d'enfance pour faire croire au fortuné mourant qu'il a des héritiers en France...

Il y a toujours une bonne idée à la base d'un film d’Étienne Chatiliez. Alors comment se fait-il que l'auteur à succès des années 80-90 (« La vie est un long fleuve tranquille », « Tatie Danielle », « Le bonheur est dans le pré ») ne trouve plus réellement d'écho aujourd'hui, ou depuis son dernier véritable hit, « Tanguy » ? La fin d'un effet de mode ? L'épuisement d'un style d'écriture porté sur les bon mots et les situations les plus incommodes et révélatrices des petitesses des gens ? On notera en tous cas l'excès de caricature grandissant qui semble envahir les scénarios de ses films, tentant toujours d'épingler des caractères et de dénoncer des types d'individus souvent détestables.

Ici il faut bien admettre que la peinture des adolescents est plus que schématique. Le fils de l'une écoute de la techno à fond dans le garage, mâche son chewing-gum crânement et ricane l'air bête. Quant à la fille de l'autre, elle est crédule comme pas deux mais tout le temps enthousiaste. Reste juste quelques remarques sur eux, qui placées dans la bouche de Valérie Bonneton, font forcément mouche, comme lorsqu'elle affirme qu'il ont des points communs, notamment « leur flemme ». Mais au final le double portrait n'est pas réellement amusant, encore moins moderne.

Pour ce qui est des adultes, le côté speedé des deux héroïnes finit par taper sur le système, les bourdes étant tellement grosses qu'on se demande bien pourquoi Monsieur Eddy, débarqué pour rencontrer ses supposés descendants, ne devine pas plus tôt la supercherie. Du coup on en viendra à préférer la première partie du film, lorsque les deux familles recherchent la sœur disparue, avant même la mise en place de l'arnaque. On retrouverait presque l’acuité de la plume de Florence Quentin (qui joue ici la vraie sœur disparue) un rien teintée de méchanceté, qui semble pointer au travers du portrait de certains personnages rencontrées, notamment des nonnes séniles. Entre les « poules créatures de Dieu » qui envahissent l'église, la soupe confisquée par une Valérie Bonneton tyrannique, ou les « va savoir » gâteux de l'une d'entre elle, chacune de leurs apparitions amène un sourire narquois et fleure bon l'asile psychiatrique.

Si comme pour « Agathe Cléry » (une femme d'affaire raciste qui devenait noire du jour au lendemain) l'idée de départ paraissait sympathique (un richissime exilé se fait arnaquer par de faux descendants venus du milieu rural français), la sauce ne prend pas réellement. Et la sensation que Chatiliez tenait un excellent début de récit (l'improbable enquête) ainsi qu'une fin intéressante (les secrets multiples et divers, amis tous aussi honteux du richard, et de la famille recomposée...), amplifie l'impression d'un fourre-tout dans l'entre-deux et d'une composition des personnages faite à la va-vite. Finalement il aurait peut-être réellement mieux valu que Chatiliez prenne le contrepied complet de son « Tatie Danielle », avec non pas une vieille teigneuse et des gentils autour (avec tous leurs défauts), mais un vieux réellement gentil avec des arrivistes agressifs autour. À vouloir charger tous les personnages à l'excès, l'un des plus grands couples d'auteurs français rate une nouvelle fois son coup. On attend cependant toujours leur prochain film, en espérant un rebond.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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