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NUIT NOIRE EN ANATOLIE

Un film de Özcan Alper

Un sombre récit sur le repli communautaire

Ishak revient à son village, après 9 ans d’absence, alors que sa mère est gravement malade. Mais les lieux et les anciens amis du village lui rappellent une funeste nuit, où le jeune Ali, récemment installé comme garde forestier, a disparu…

Le film s’ouvre sur une image presque fantomatique : celle du visage de celui qui sera le protagoniste du récit, entouré de pick-up roulant à tombeau ouvert dans la nuit, et sur lesquels des hommes armés, de fusils comme de bâtons. C’est dans une structure qui mêle le présent et de nombreux flash-back revenant dans le désordre sur la disparition du jeune homme, son arrivée dans le village et ses relations avec les locaux, que le film se construit intelligemment. Utilisant paysages et ambiances nocturnes ou pluvieuse à merveille, Özcan Alper parvient ainsi à insuffler une certaine tension, en alternant recherches du héros, Ishak, explorant les gouffres des environs, et souvenirs de plus en plus nets. Le spectateur suit ainsi son sentiment grandissant de culpabilité, alors que les hommes du village préfèrent garder le secret enfoui et se montrent de plus en plus agressifs.

Derrière cette quête d’un potentiel corps se dessine peu à peu le portrait d’une communauté repliée sur elle-même, qui confond amour de la chasse et tradition, et perpétue une domination toute masculine, sur la nature, comme sur les femmes. En résulte un film par moments haletant (la scène de battue, sous la pluie, caméra à l’épaule, donne rapidement le ton…), qui dresse en parallèle les portraits de deux hommes un peu plus sensibles, portés sur les arts et la chanson, et prêts à dialoguer ou faire preuve de curiosité. Au final, "Nuit noire en Anatolie", même s’il n’évite pas quelques longueurs une fois les tenants et aboutissants bien intégrés par le spectateur, parvient à toucher par le portrait d’un homme finalement lui aussi disparu il y a des années, et une discrète poésie autour de la connexion avec une nature libérée de l’Homme.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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