LE NOUVEAU MONDE

Un film de Terrence Malick

Contemplatif mais gâché par une fin bâclée

En 1607, trois navires britanniques accostent sur les rivages de ce qu'ils considèrent comme le « Nouveau Monde », où ils comptent établir un avant-poste baptisé Jamestown. A leur bord, se trouve l'officier John Smith, alors aux arrêts…

Terrence Malik, réalisateur culte, n'avait pas donné signe de vie depuis près de huit ans, et son vénéré "La Ligne rouge", brûlot contemplatif anti-conflit armé. Le revoici cette année avec "Le Nouveau Monde", adaptation loin du dessin animé Disney, de l'histoire de l'Indienne Pocahontas et de son idylle avec John Smith, capitaine un rien rebelle de l'armée anglaise.

Mais dès le début, le parti pris naturaliste et contemplatif surprend. Car ici point de sauvages à priori hostiles, uniquement un désir de découverte mutuelle. Du coup, la présentation de ces peuplades que fait John Smith, en les désignant comme pacifiques, et ne connaissant ni rivalités, vengeance, jalousie… a quand même un peu de mal à convaincre dans son ampleur. Si on veut bien entendre le discours sur le caractère pervertissant de la société occidentale, la description du paradis terrestre semble être un peu trop parfaite.

Du coup, on est plus séduits par la beauté des paysages, que Malik donne à voir avec une douceur inouïe, comme caressant successivement les herbages, les vagues ou les champs de maïs. Par quelques scènes virevoltantes, accompagnées d'une musique tourbillonnante de James Horner, il réussit à nous enivrer. Par quelques regards et gestes esquissés, il réussit à nous faire croire à la passion interdite entre Smith et Pocahontas (dont le vrai nom n'est jamais prononcé) et à ses dangers.

Malheureusement, si les interprètes sont excellents de discrétion, les regards désespérés de Colin Farrell finissent par agacer, comme ces trois voix off omniprésentes au discours parfois trop naïf. Enfin, ce qui aurait pu être une honnête expérience sensorielle, déçoit sur la fin. Car d'une part Malik se contente d'esquisser extrêmement rapidement le déclin de la belle, qu'il semble enjoliver au passage. Et d'autre part, car il aurait pu boucler son film avec la magnifique scène dans les jardins anglais, entrant en résonance avec le début du film. Au lieu de cela, il nous impose en conclusion, un montage chaotique de l'ordre du n'importe quoi, alternant paysages, flots, écrans noirs et arbres hautement symboliques pour qui se souvient du discours développé avant. Prémices du monde à venir peut être, mais erreur manifeste de montage certainement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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