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NORDESTE

Un film de Juan Solanas

Un hommage à l’Argentine

Hélène, brillante femme d’affaire française d’une quarantaine d’années, se rend dans la pampa argentine avec un but bien précis : adopter un enfant, quel qu’en soit le prix, même s’il faut pour cela outrepasser les lois. Mais sa route va croiser celle d’une jeune femme argentine, aussi pauvre qu’Hélène est aisée, et qui cherche, elle, à avorter. Cette rencontre de deux mondes va bouleverser les projets d’Hélène...

Plus qu’un film sur l’adoption, Juan Solanas a voulu réaliser un film hommage à sa terre d’origine. Pour cela, il met face à face deux femmes, que tout semble opposer mais qui sont unies par une même volonté, rudement mise à l’épreuve. Volonté d’adopter un enfant pour l’une, et de se débarrasser de celui qu’elle porte pour l’autre, afin de ne pas accroître la misère dans laquelle elle et son fils vivent, ou plutôt survivent.

Une des principales qualités du film est sa retenue : pas de discours grandiloquents sur la misère qui règne en Argentine, quelques scènes suffisent, comme celle où un gamin est tué avec moins de façons que si c’était un lapin. Pas non plus d’explications superflues, la forme choisie est plutôt elliptique et l’on apprend à connaître les personnages par bribes. Mais ils n’en sont pas moins attachants, portés par des acteurs très convaincants.

Carole Bouquet et Aymará Rovera jouent leur personnage avec une grande subtilité et parviennent à exprimer leurs doutes et leur détresse sans tomber dans le pathétique : pourquoi ce nourrisson tant désiré meure t’il subitement ? Toute forme de vie est-elle donc condamnée, dans cette Argentine qui regorge pourtant d’enfants ? On peut seulement regretter que l’intensité du propos ne soit pas soutenue par davantage de qualités esthétiques ; les paysages de la pampa, que Solanas prend visiblement beaucoup de plaisir à filmer, sont présentés trop formellement pour échapper à l’ « effet carte postale ». De plus, la mise en scène ne semble pas avoir été très étudiée, tout comme la photo qui ne met pas en valeur la force des visages (Carole Bouquet sans fard) et des paysages, pourtant très photogéniques.

Delphine MuhlbacherEnvoyer un message au rédacteur

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