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NEVER RARELY SOMETIMES ALWAYS

Un film de Eliza Hittman

Une absence totale de tension

Une jeune femme de 17 ans découvre qu’elle est enceinte. Consultant dans un centre local de Pennsylvanie, on lui indique qu’elle en est à la dixième semaine, mais on lui montre aussi une vidéo insistant sur le fait que l’interruption de grossesse est un meurtre. Se confiant à sa cousine, elles partent toutes les deux pour l’État de New York, dans lequel elle pourrait encore se faire avorter, sans avoir besoin du consentement de ses parents…

Never rarely sometimes always film image

Avec un sujet aussi tendu que l’avortement en ces temps de retour d’un puritanisme affligeant, voyant les droits des femmes potentiellement menacés (particulièrement aux USA), ce long métrage américain, présenté en compétition au Festival de Berlin 2020 pouvait être l’occasion d’un récit cauchemardesque ou d’un brûlot politique moderne et revendicatif. Il n’en sera malheureusement rien. Et l’on se demande bien comment le film a pu recevoir le prix spécial du jury cinéma US à Sundance.

En effet, alors que le récit s’apparente initialement à un potentiel parcours du combattant, l’héroïne et son amie devant faire face a leurs parents du fait de leur « fugue » temporaire, aux problèmes légaux, administratifs et financiers (réalité du nombre de semaines, assurance, coûts d’une procédure plus longue que prévu...), le film s’enlise rapidement dans une sorte de dédale nonchalant, les problèmes n’en étant finalement jamais vraiment.

Traduisant à peine l’inquiétude de son héroïne, n’insufflant absolument aucune tension autour d’elle, de par une mise en scène particulièrement amorphe, cette œuvre pourtant signée par une femme (Eliza Hittman, "Les bums de la plage (Beach rats)") ne met jamais le spectateur en position de stress, empêchant ainsi toute empathie réelle. Longue balade new-yorkaise où chaque danger fait flop (squat nocturne sans argent, barrage de manifestants anti-IVG, dragueur insistant...), le film fonctionne presque à l’inverse de son intention, montrant ce périple comme une promenade de santé. Regrettable.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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