MY SUNSHINE

Un film de Hiroshi Okuyama

Une persistance dichotomie

Île d’Hokkaido au Japon. Alors qu’il joue au baseball, le jeune Takuya, bègue, préfère profiter des premiers flocons. La saison hivernale arrivant, il est initié au hockey sur glace, comme tous les garçons, en se voyant affecté dans les buts. Mais lui préfère observer une jolie patineuse, Sakura, à laquelle il n’ose pas parler. Le coach de celle-ci l’ayant remarqué, il propose à Takuya l’entraîner avec elle, afin qu’ils concourent en duo aux championnats de patinage artistique. À contre cœur Sakura accepte de ne plus être entraînée seule…

Le sujet de l’homosexualité étant encore tabou au Japon, quelques cinéastes commencent cependant à aborder le sujet de manière frontale. Ce fut le cas de Kore Eda l’an denier avec le film puzzle "L’Innocence". Et c’est du côté d’Un certain regard que le sujet est abordé cette année par Hiroshi Okuyama, avec "My Sunshine", chronique douceureuse qui nous propulse dans l'histoire d’attirance d’un garçon timide pour une fille qu’il trouve étincellante sur la glace. Le coach de celle-ci, en couple avec un homme, lui force quelque peu la main en lui adjoignant ce compagnon débutant, sentant chez ce dernier une sensibilité et se faisant complice bienveillant de son intérêt pour le sport autant que pour la jeune fille.

Va ainsi naître une jolie complicité entre ces trois personnages, magnifiée par une mise en scène qui met en avant le dégel des relations entre les trois personnages. Apprenant progressivement à se faire confiance, leurs stimulantes interactions atteignent leur apogée lors d’une élégante scène de patinage sur un lac gelé. C’est donc du côté des préjugés charriés avant tout par les adultes, que sera à chercher le drame, perpétuant des idées reçues comme l’existence d'une dichotomie entre « sports de filles » et « sports de garçons », et l’idée qu’une personne homosexuelle ne peut être que perverse ou contagieuse, ne pouvant avoir que des objectifs malsains en tête. Avec toujours autant de délicatesse, Hiroshi Okuyama nous mène tendrement vers un printemps qui ne signifiera pas la même chose pour chacun des personnages.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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