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MOKA

Un film de Frédéric Mermoud

Un polar décaféiné

Face au lac Léman, Diane a le regard vide. Nerveuse, elle s’enfuit de la maison de repos où elle séjourne pour retrouver son appartement et les affaires des son fils Luc, décédé six mois plus tôt. Le détective privé qu’elle a engagé lui annonce qu’il a repéré quatre véhicules correspondant au signalement de celui qui a renversé son fils avant de prendre la fuite. Il s’agit d’une voiture de collection couleur moka...

Adapté dans les grandes lignes du roman éponyme de Tatiana de Rosnay, « Moka » décompose les tourments de Diane, une mère meurtrie qui, pour survivre à la mort de son fils, entreprend de découvrir qui l’a tué. Elle s’échappe alors de sa léthargie post-traumatique pour mener son enquête avec la détermination froide d’une femme qui n’a plus rien à perdre. Très vite son instinct l’amène à soupçonner Marlène, une parfumeuse tirée à quatre épingles qui abuse du brushing et de la poudre de riz. Diane s’immiscera alors dans sa vie pour venger la terrible injustice qui a brisé son existence.

Présente à chaque plan du film, Emmanuelle Devos insuffle avec justesse toute la retenue d’une mère KO décidée à se rendre justice elle-même. Son attitude de femme tranquille et intelligente déverrouille petit à petit toutes les portes de la forteresse « Marlène » qui dissimule ses failles sous des couches de fond de teint. Campé avec charisme par Nathalie Baye, la présumée coupable impose une stature de femme épanouie qui a réussi alors que la vie ne lui a pas fait de cadeau. Un duo qui fonctionne au diapason tant chacune des deux actrices profite de l’inertie de l’autre pour enrichir son propre personnage.

Un casting quatre étoiles, qui au final se révèle être le plus grand intérêt du film. En effet, l’intrigue qui les anime est efficace mais ne révolutionne pas le genre. La mise en scène classique, voire scolaire, manque d’énergie pour emmener le film dans des retranchements plus instables. Le récit se concentre alors (et c’est plutôt intéressant) sur le duel sous-jacent qui oppose Diane et Marlène. Mais là encore la caméra se contente juste d’observer ses deux actrices sans transformer l’essai. Un minimum syndical qui ne permettra pas au film de dépasser le stade du film « roman de gare », c’est à dire que s'il n’ennuie guère, on l’oublie très vite le générique passé.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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