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MOHAMED DUBOIS

Un film de Ernesto Ona

Une comédie moyennement drôle

Fils du patron de la banque Berthier, Arnaud Dubois a un seul problème : sa gueule d’arabe. Son air typé le pousse à s’interroger sur son identité et ses origines. Persuadé d’être le fils d’un prof de tennis tunisien et après une dispute avec son père, il décide de devenir Mohamed Bouchouche pour s’intégrer dans un quartier de banlieue et conquérir la fille dont il est éperdument tombé amoureux. Mais la vie qui l’attend n’a rien à voir avec la luxueuse demeure familiale du Vézinet…

Depuis quelques temps, le duo Eric et Ramzy n’est plus, chacun volant de ses propres ailes. Si les deux s’attellent, actuellement, à la mise en chantier de "La tour Montparnasse infernale 2", c’est une nouvelle fois seul qu’on retrouve Eric Judor. Après avoir porté sur ses épaules la série humoristique de Canal+ "Platanes", et après avoir joué les seconds rôles dans l’univers déjanté de Quentin Dupieux pour "Wrong", il trouve, pour la première fois en solo, le haut de l’affiche au cinéma. Il interprète Arnaud Dubois, riche héritier de la banque Berthier, qui mènerait une vie parfaite si un léger détail ne le turlupinait pas, sa gueule de métèque. En proie aux doutes, il se persuade d’être le fils d’un prof de tennis tunisien, et décide de plaquer son emploi de directeur de la sécurité de la banque lorsqu’un poste à la direction clientèle lui passe une énième fois sous le nez. Il devient alors Mohamed Bouchouche, un petit banlieusard qui se retrouve à plonger ses mains dans la friteuse d’un Kebab alors que celles-ci avaient pris l’habitude de côtoyer l’argent et les belles voitures.

Pour son premier long métrage, le réalisateur Ernesto Ona a décidé de s’attaquer au thème de l’intégration et à l’immigration par le prisme d’un jeune candide pour qui la banlieue est un Eldorado. Et ce choc des cultures va être l’occasion pour le cinéaste de multiplier les situations cocasses, en particulier lorsque le protagoniste principal découvre les traditions, réelles ou contées, d’un monde dont il ignorait tout. La transformation de l’exilé des beaux quartiers en banlieusard donne lieu à de multiples quiproquos et gags en tout genre, qui permettent à Éric Judor de démontrer tout son talent comique. Mais malgré les efforts du comédien, la plupart des vannes tombent rapidement à plat, en raison du scénario pantouflard et préconçu. À force d’accumuler les clichés, le réalisateur finit par atténuer les drôleries que pouvaient laisser présager le pitch de départ, et ce n’est que rarement que les éclats de rire atteindront les spectateurs.

Pourtant, l’idée subversive de transformer une origine française comme un frein pour sa vie professionnelle et sentimentale offrait des perspectives qu’on aurait aimé retrouver à l’écran. Mais en tombant progressivement dans la banale comédie romantique, la première pour Eric Judor, le métrage délaisse son originalité pour se contenter d’une machinerie trop bien huilée pour véritablement toucher le public. Et c’est uniquement grâce à l’énergie bouillonnante des acteurs, ainsi qu’au rythme enlevé, que "Mohamed Dubois" parvient à se maintenir au-dessus de la zone rouge. N’atteignant jamais des sommets mais ne plongeant jamais dans les profondeurs abyssales du nanar, cette farce potache sur le thème de l’identité restera une énième tentative comique anecdotique pour évoquer le choc des cultures. Dommage…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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