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MODEST HEROES

Avec les voix de Machiko Ono, Min Tanaka, Jô Odagiri...

Les petits héros d’aujourd’hui… sans les grands héros de demain

Ces trois premières créations, issues du Ponoc Short Films Theatre, forment trois courts-métrages ayant en commun le thème de l’héroïsme au quotidien…

Modest heroes film animation image

Disponible le 1er septembre 2019 sur Netflix

C’était l’une des séances événements du dernier festival d’Annecy, doublée d’un des événements les plus attendus par les inconditionnels d’animation japonaise. À l’arrivée, ce fut une semi-douche froide, à mettre moins au crédit de ses trois créateurs (lesquels ont fait ce que l’on pouvait attendre d’eux avec application) que de la structure même du film, liant par un thème commun trois petits segments trop succincts et insignifiants pour provoquer une vraie et forte émotion sur la durée. Dans un premier temps, avec "Kanini et Kanino", Hiromasa Yonebayashi – qui nous avait éblouis avec "Arrietty" puis déçus avec "Mary et la fleur de la sorcière" – narre l’histoire de deux enfants crabes lancés à la recherche de leur père, accidentellement emporté au loin par le courant. Par la suite, Yoshiyuki Momose lorgne du côté de l’histoire vraie avec "Life Ain’t Gonna Lose", récit d’un enfant atteint d’une allergie mortelle aux œufs et protégé au quotidien par l’amour déterminé de sa mère. Enfin, "Invisible" d’Akihiko Yamashita fait dans le fantastique à portée sociale et symbolique, en s’intéressant au désenchantement d’un homme frappé par l’invisibilité – c’est peut-être le seul des trois segments sur lequel il vaut mieux ne pas en révéler davantage.

La famille, la maladie, l’exclusion sociale : ces trois contextes, ici explorés via des genres volontiers divergents, forgent malgré tout un panorama assez exhaustif des environnements dans lesquels toute trace d’entraide et de courage peut trouver racine. Sans que le résultat prétende être une démonstration de force sur le plan technique, on s’émeut tout de même jusqu’au bout de la délicatesse de l’animation et de la douceur du montage, troquant un rythme potentiellement trépidant pour une linéarité très apaisée. Le gros problème de la chose, comme on l’évoquait plus haut, c’est que les pitchs de chacun des courts-métrages ne bénéficient pas d’une écriture suffisamment poussée, contrairement à ceux de la jeune école des studios Pixar, chez qui une idée de scénario peut parfois tenir en un court-métrage de cinq minutes sans que rien ne donne l’impression d’avoir été oublié. On finit par regarder "Modest Heroes" comme on regardait autrefois le film à sketchs "3 Extrêmes" : les promesses sont là, mais il aurait fallu un long-métrage pour chacune, afin de les concrétiser pleinement. Osons la métaphore culinaire en disant que cela équivaut à se retrouver avec trois petits sushis en lieu et place d’un sashimi bien appétissant : c’est tout à fait délicieux pour les sens, c’est sûr, mais ça ne coupe pas notre faim d’images et d’émotions, loin s’en faut.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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