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MIDNIGHT MEAT TRAIN

Un film de Ryuhei Kitamura

Une histoire d’entrailles

Un photographe de presse est témoin d’un meurtre dans le métro de New York. Il décide de prendre en chasse le criminel, un serial killer connu sous le nom de « boucher du métro »…

Ce premier film américain du japonais hystérique Kitamura est probablement l’hybridation horrifique la plus enthousiasmante de l’été (voire de l’année). D’un côté un réalisateur virtuose de la caméra, sorte de version asiatique de Sam Raimi. Un chantre de la caméra hyper mobile et de la transgression des règles filmiques, mais dont les précédents efforts (« Godzilla Final Wars », « Versus » ou « Azumi »), malgré une inventivité visuelle jamais démentie, pêchaient sévèrement en termes de narration et de substance.

Cette substance, de l’autre côté, c’est cette nouvelle de Clive Barker dont est tiré le scénario, qui contient tout ce qui fait le sel de son œuvre littéraire et cinématographique : sexualité tordue, déliquescence urbaine, atmosphère apocalyptique et putride, fascination pour le mal. Si l’addition de ces deux talents apparemment antagonistes pouvait faire douter, le résultat à l’écran est absolument détonnant.

Toute l’action du film est narrée par le prisme du photographe et de sa fascination de plus en plus malsaine pour les meurtres perpétrés dans ce métro. Ce point de vue unique contribue à la réussite de la partie « thriller » du métrage. Le spectateur s’enfonce avec le personnage dans les méandres d’une histoire retorse, d’abord réaliste, puis de plus en plus décalée à mesure que l’investigation progresse. Les mises à mort, volontiers cartoonesques, avec force hémoglobine et autres énucléations (même si le sang numérique n’est pas toujours du meilleur goût), contribuent à fonder ce monde souterrain, mythologique, où l’humanité s’efface progressivement pour laisser place à la bestialité. L’humour noir très présent souligne la folie qui s’empare du film au fil de son évolution, sans pour autant venir ternir la noirceur ambiante.

Les entrailles humaines, la chair, et celles de la terre, le métro, se rejoignent dans un final typiquement barkerien où l’amosphère puissante du film culmine. Après avoir été effrayant, drôle et franchement malsain, le film s’autorise dans sa dernière ligne droite une bonne dose de fantastique lovecraftien. Si vous ne trouvez pas ça jouissif, comme les spectateurs de Gérardmer qui lui ont attribué le prix du public cette année, TF1 va sûrement vous concocter une histoire de crop circles inoffensifs pour l’été !

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

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