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MEMPHIS

Un film de Tim Sutton

Le spleen de l'artiste

Un artiste en panne d’inspiration traverse une profonde crise de confiance. Parviendra-t-il à composer une nouvelle chanson ?

Pour son deuxième long-métrage, Tim Sutton s’attaque au processus créatif d’un musicien en pleine dérive, par une approche aussi documentariste que mystique. Face à la caméra, Willis Earl Beal, musicien qui extasie les critiques spécialisées et dont le deuxième album vient tout juste de sortir, joue ce personnage mutique, artiste torturé qui semble avoir perdu son seul moyen d’expression. Déambulant dans les rues d’un Memphis magnifiquement filmé, celui-ci parcourt le pavé à la recherche des bonnes sonorités, celles qui lui permettront de faire un nouveau disque à la hauteur de son talent. Mais plus le temps passe, plus il se renferme, côtoyant les bars plus que les studios d’enregistrement…

De ce postulat, le metteur en scène en tire un métrage atypique, flirtant avec le documentaire, et navigant entre un essai sur l’inspiration et un drame plus classique. En s’éloignant de la simple crise existentielle, le réalisateur pousse sa réflexion jusqu’à s’intéresser à la foi, au « don de Dieu » que possèdent certains artistes, et aux connexions qui peuvent exister entre la religion et la magie de la création artistique. Et si ce parti-pris pouvait être des plus intéressants, Tim Sutton, en recherchant absolument une dimension ésotérique, oublie son propos initial. Beaucoup trop contemplatif pour être captivant, "Memphis" titube alors péniblement, multipliant les redondances, jusqu’à tomber dans la caricature.

Si le réalisateur bénéficie d’un don certain pour magnifier les espaces urbains et pour capturer la nature, et si Willis Earl Beal surprend par sa justesse, le métrage n’en demeure pas moins une tentative décevante, tuée par sa propre ambition. Tombant dans l’écueil actuel de confondre intelligence et mysticisme, le réalisateur ternit l’ambiance particulière qu’il avait su imposer dans les premières minutes. Et comme même l’excellente bande-son n’y changera rien, c’est avec de gros regrets que nous ressortirons de la salle…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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