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MANDELA

Un film de Justin Chadwick

Un biopic frustrant et trop romancé

Nelson Mandela, brillant avocat noir d’Afrique du Sud devient l’un des leaders de l’ANC, le Congrès National Africain et lutte contre l’Apartheid. Il sera arrêté puis condamné à perpétuité. Nelson Mandela restera 27 ans en prison, pendant que la lutte se poursuit en Afrique du Sud, guidée notamment par sa femme Winnie Mandela. Nelson Mandela, éloigné des siens, restera tout au long de sa captivité, un leader charismatique, symbole du combat pour la liberté. Il guidera son peuple vers une Afrique du Sud réunifiée, prônant la réconciliation et la Paix…

Adapté de l’autobiographie de Nelson Mandela, le film s’étale sur les trois principales époques de la vie du leader noir Sud-Africain, telles qu’elles sont annoncées sur l’affiche : révolutionnaire, prisonnier, président. La tâche est ambitieuse, car il faut résumer 80 années en moins de 2h30. Parler de l’homme, de l’Apartheid, de son combat, de son emprisonnement, de sa lutte pour la réconciliation et la paix, de l’évolution de l’Afrique du Sud… Le terreau est riche, mais le film fait le choix de concentrer son regard sur Mandela, et surtout sur le couple qu’il forme avec sa deuxième épouse : Winnie. On est si près de Mandela et de Winnie qu’on oublie l’impact international de leur combat, qui n’est d’ailleurs que peu suggéré : seules quelques images, dans la seconde partie du film, nous montrent les manifestations ayant lieu à l’étranger pour réclamer sa libération, ainsi que le concert de Wembley en 1988, organisé à l’occasion de ses 70 ans.

On regrette un peu que l’institution de l’Apartheid en Afrique du Sud, et ses opposants l’ANC, ne soient pas expliqués au début du film, ne serait-ce que pour mieux comprendre le combat de Mandela et ses enjeux. Le film se concentre sur la vie de Nelson Mandela, qu’on découvre jeune adolescent, dans la campagne. Puis, on le retrouve vingt ans plus tard, à Johannesburg, vêtu d’un costume d’avocat en pleine plaidoirie. Là où Ben Affleck, en introduction d’"Argo", nous offre quelques minutes, magistralement conçues, pour comprendre le contexte politico-historique iranien et américain, ici Justin Chadwick ne nous propose aucune aide pédagogique pour accompagner la biographie du leader le plus charismatique du XXe siècle. Malheureusement, ce parti-pris affaiblit l’aura du personnage.

Il faut reconnaitre que la disparition de Nelson Mandela quelques jours avant la sortie du film a projeté les attentes des spectateurs au-delà des vraies ambitions du film. "Mandela, un long chemin vers la liberté" n’est pas un hommage posthume mais une plongée au plus près de cet homme, déjà internationalement célèbre. Justin Chadwick a choisit de raconte l’intime de Mandela. Notamment les choix qu’il a du faire au détriment de sa famille. Malgré cela, on regrette un récit trop romancé, presque académique et formaté pour plaire au plus grand nombre. Le scénario, déjà aidé par la biographie hors norme de Mandela, n’a finalement rien d’original. Les scènes romantiques, et celle du mariage notamment, en mode « Instagram », sont loin de rendre hommage à la puissance de l’amour qui lie Winnie et Nelson Mandela au début de leur union. Elles sont aussi étonnamment longues, face aux moments qu’il reste à évoquer. On ressent à peine la pénibilité et la longueur des années de captivité. Alors qu’ici encore, Clint Eastwood dans "Invictus" a pu faire mieux en filmant simplement un Matt Damon visitant la cellule occupée autrefois par Mandela.

D’une manière générale, on a l’impression de porter des œillères tout au long du film, et ça nous démange d’élargir le regard pour regarder autour du couple Mandela. À quoi ressemble l’Afrique du Sud ? Contre qui et quoi se bat l’ANC ? Qui sont les Boers ? Quelles nations soutiennent l’Apartheid ? Comment nait et grandit le soutien pour la libération de Mandela dans le monde ? L’angle choisit est trop réducteur pour un biopic sur un tel homme. Il aurait peut-être pu convenir si les scénaristes s’étaient concentrés sur une période plus courte, ou un seul épisode de sa vie. Et finalement, ce resserrement de focale nuit gravement à la mémoire collective en résumant Nelson Mandela à un héros Hollywoodien comme tant d’autres.

Loreleï Colin-MoreauEnvoyer un message au rédacteur

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