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MALVEILLANCE

Un film de Jaume Balagueró

Gardien sournois

Un gardien d'immeuble s'introduit régulièrement dans l'appartement d'une jeune femme, en l'absence de son mari. Allongé sous le lit, il attend qu'elle s'endorme, pour lui faire respirer un sédatif et ensuite passer la nuit auprès d'elle. Au petit matin, son propre réveil lui permet de se lever avant elle, et de retourner directement à son travail...

Présenté au Festival du film fantastique de Sitges, « Malveillance » est le nouveau film de l'un des maîtres espagnols du genre, Jaume Balogueró. Catalan, déjà auteur de « La secte sans Nom » (multiple primé à Gérardmer), « Darkness », « Fragile », et la série des « REC », le voici qui nous livre un nouveau film au suspense intense, en attendant « REC 3 : Genesis » début 2012. En effet, malgré quelques rares invraisemblances, sa nouvelle création a de quoi mettre les nerfs à rude épreuve, jouant d'un huis clos comme les épisodes de « REC » : une entrée d'immeuble, une cage d'escalier, deux appartements.

Centré dans un premier temps sur le personnage du gardien, le scénario nous révèle en parallèle l'étrange rituel nocturne de cet homme à l'organisation millimétrée, ainsi que chacun des voisins auquel il a quotidiennement affaire. De la vieille dame seule qu'il écoute sagement, au riche propriétaire qui surveille qu'il fait bien ses horaires, en passant par la petite fille qui le fait chanter, tous sont objets de frustrations voire d'humiliation, pour cet homme du peuple, qui sent bien, malgré la bienséance, quelle est ici sa place : tout en bas de l'échelle sociale, autrement dit, tout en bas de l'escalier.

L'excellent Luis Tosar (« Cellule 211 », « Même la pluie », « Les lundis au soleil ») compose avec présence cet homme aux multiples visages, qui sait jouer de l'hypocrisie, de la flatterie ou de la franchise, pourvu que l'effet souhaité soit au rendez-vous (la scène dans laquelle il dit ses quatre vérités à la petite vieille est un grand moment de cynisme blessant). On ne peut s’empêcher de trembler pour lui, les obstacles potentiels se démultipliant progressivement, d'un renvoi potentiel, à l'arrivée inopinée du mari, en passant par l'enquête d'une police se rapprochant dangereusement.
Forcé à l'action par le chamboulement de ses plans, l'homme prendra de plus en plus de risques, et le film basculera avec lui dans une dernière partie nous révélant ses objectifs, faisant ainsi basculer la peur du côté du personnage féminin. Cadrages claustrophobes, violence latente, plan machiavélique, cynisme assumé, sang froid virant au chaud, « Malveillance » constitue un petit frisson qu'on ne saurait s'éviter. Après cela, vous ne laisserez plus jamais les clés de chez vous à un gardien, aussi charismatique soit-il.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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