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MALÉFIQUE

Un film de Éric Valette

Un conte de fées pas si maléfique

Quatre détenus découvrent dans leur cellule, un livre ayant appartenu à un ancien prisonnier du début du siècle, unique évadé de la prison. Bourré de formules incantatoires et de dessins étranges, l’ouvrage serait la clé pour s’enfuir en douce…

Si Robert Stromberg est un petit nouveau dans la réalisation, il n’en est pas à son premier projet de cinéma. En effet, cet artiste touche à tout est connu pour avoir été entre autres chef décorateur, superviseur d’effets visuels mais également consultant et peintre sur des films tels que « Le Monde fantastique d'Oz » (2013), « Hunger Games » (2012), « De l'eau pour les éléphants » (2011), mais également « Alice au Pays des Merveilles » (2010), « Aviator » (2004), et bien d’autres encore. C’était donc un pari pour cet américain d’adapter le dessin animé « La belle au bois dormant » sorti en 1959. L’idée de se centrer sur le personnage d’anti-héros qu’est Maléfique est un choix plaisant puisque le résultat est plutôt réussi.

L’univers magique est coloré et féerique. La forêt est le lieu majeur du récit tandis que le sombre château semble secondaire. L’histoire en elle-même demeure étonnante et c’était toute la difficulté des scénaristes de mettre en scène des éléments connus du conte mêlés à une enfance de Maléfique qui nous est inconnue. Malgré la trahison et la rancune, elle demeure un personnage attachant et même sympathique. On ne peut que compatir à son chagrin. Finalement, elle est l’image même de la rédemption, du mal qui se transforme en bien. A contrario, le mal est représenté par l’opportuniste roi Stéphane, avide de pouvoir, qui va progressivement sombrer dans la folie.

Maléfique est au centre du récit. Les autres personnages ne sont que secondaires. Il y a des elfes boueux, des créatures comme un dragon, un loup ainsi que les célèbres fées protectrices. On reconnaît la jeune Juno Temple découverte dans « Killer Joe » dans un tout autre registre. La princesse Aurore quant à elle est jouée par l’égérie Lolita Lempicka, Elle Fanning vue dans « Somewhere ». Dommage qu’elle s'avère quelque peu fade et sur la réserve. Elle manque cruellement d’assurance.

L’héroïne développe un lien fort avec Aurore, la fille de son ennemi, une caractéristique qui n’apparaît pas dans le dessin animé. Elle n’est pas vraiment cruelle et a ses raisons de se venger. Une fois que son cœur est brisé et ses ailes ôtées, Maléfique souffre comme une humaine à la fois psychologiquement et physiquement. Angelina Jolie est méconnaissable. Parfois froide, elle est touchante. Seule, elle montre qu’elle possède un cœur mais aussi des principes auxquels elle tient. Le maquillage et les transformations de son visage (notamment les pommettes) sont bluffants, tout comme ses ailles ainsi que ses cornes. Si à première vue Maléfique peut effrayer, elle est l’archétype de la bête au cœur tendre.

Les costumes quant à eux sont adaptés à chacun des personnages. Ainsi retrouve-t-on des tenues sombres avec de la peau de serpent et des matières telles que du latex pour Maléfique. À l’inverse, Aurore porte des tons clairs, des vêtements fluides et vaporeux. Le roi Stéphane est vêtu de textiles durs et métalliques. Globalement, les effets spéciaux sont grandioses mais la 3D n’apporte pas davantage de profondeur. Quant à la bande originale, elle adopte des sonorités adéquates, tandis que les décors sont sublimes. On s’y croirait presque ! Bref, « Maléfique » est une fable aboutie qui donne envie de croire aux contes de fées.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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