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LUXURIANCE ACCIDENTELLE DU REBUS AQUEUX TRANSLUCIDE

Un film de Dalibor Baric
Avec les voix de Pavlica Bajsic, Boris Bakal, Mario Kovac...

Saisissement habituel du film gazeux transparent

Martin a essayé de combattre le système, et maintenant il est en fuite. Sara est une artiste conceptuelle. Ensemble, ils rejoignent la commune révolutionnaire à la campagne. La police est sur ses traces. L’inspecteur Ambroz sait que les bonnes questions sont plus importantes que les réponses. Parce que peut-être rien de tout cela n’est vrai…

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Les films expérimentaux qui sortent de l’ordinaire, on adore. Les films libres qui n’imposent pas de grille de lecture à leur spectateur, on est preneur. Le cinéma revisité comme terreau de radicalité et d’audace, on veut en bouffer tous les jours au petit déjeuner. Mais là, pour le coup, on a juste envie de réclamer un mode d’emploi au réalisateur de cet ovni croate. Le très long titre de la chose résume assez bien les choses : un rébus animé, visuel et sonore, capable d’éblouir par accident, pour peu qu’on se laisse happer par la dimension kaléidoscopique de l’animation. Sauf que si les visions folles sont aussi nombreuses que les supports hybrides d’animation (rotoscopie, collages, 3D, négatifs, symboles, abstractions…), on ne parvient ni à l’approcher ni à l’appréhender au premier abord, encore moins au vu d’un synopsis qui nous paraît parfois être celui d’un autre film. Après un peu d’effort, ça finit par venir. Mais on n’est pas tiré d’affaire pour autant.

On se rend assez vite compte que le résultat relève de ces narrations cryptiques où tout fonctionne par associations d’idées, et où l’enchevêtrement des supports d’animations et des genres codifiés (le polar métaphysique et la SF dystopique sont ici convoqués) traduit la plongée dans un univers travaillé par les effets de vases communicants et les mises en abyme disruptives. Les mauvaises langues pourraient se dire qu’on tiendrait là ce que donnerait un film d’animation réalisé par le Jean-Luc Godard des vingt dernières années, à ceci près que les expériences filmiques du cinéaste ermite de Rolle avaient le bon goût de faire naître une incroyable force évocatrice de leurs collages graphiques et de leurs narrations anti-dramaturgiques. Le problème du maelström animé de Dalibor Baric, c’est qu’il n’offre qu’une poignée de visions intéressantes, davantage mémorables par leur beauté plastique que par leur force symbolique. Le scénario peut donner parfois l’impression de souffler des pistes riches et fascinantes, à l’image de ces évocations du voyage spatio-temporel ou de ce complotisme kafkaïen sur fond d’apocalypse, mais tout cela se résume à des pièces d’un puzzle que le montage assez lâche du film ne nous donne pas très envie de rassembler. D’où le sentiment d’« à quoi bon » que l’on garde en tête après visionnage. Il n’empêche que comme toute expérience digne de ce nom, il vaut la peine de la tenter…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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