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LETTRES AU PERE JACOB

Un film de Klaus Härö

Sobre et efficace

Leïla, une prisonnière condamnée à perpétuité pour meurtre se voit graciée après douze années passées derrière les barreaux. Seule condition pour sa sortie, elle doit aller vivre dans un presbytère avec un vieil homme de foi : le père Jacob. Son rôle : lui lire les nombreuses lettres qu'il reçoit chaque jour et l'aider à répondre à chacune d'elles. Alors que la cohabitation paraît au premier abord compliquée, la situation évolue rapidement au grès du courrier...

Klaus Härö nous offre avec "Lettres au Père Jacob" un film sans prétention mais terriblement efficace. Servi par une photographie tout en maîtrise et un traitement du son discret mais primordial, ce long-métrage nous plonge dans l'univers du père Jacob en même temps que Leïla, que tout oppose au religieux et à son style de vie. En effet, les différentes compositions des cadres et les mouvements de caméra, tout en sobriété, nous immergent totalement dans ce monde dans lequel la nature joue un rôle central dans la vie des protagonistes. Si bien que l'on voit tout au long du film les variations météorologiques suivre les différentes émotions du duo. Le genre de petits détails non négligeables qui rajoutent à la portée du film et à la manière dont il nous touche.

En plus de la technique cinématographique vient s'ajouter la performance des deux acteurs principaux (à laquelle s’ajoute celle d’un second rôle jouant le facteur qui, s’il reste en arrière plan, compose parfaitement dans le ton général). Que ce soit Kaarina Hazard dans le rôle de cette prisonnière cynique et usée par la vie ou bien Heikki Nousiainen qui interprète à la perfection ce prêtre aveugle et fébrile qui se rattache à son existence par le biais des nombreuses lettres qu'il reçoit quotidiennement, les deux acteurs servent à merveille le scénario à la fois sobre et profond de Jaana Makkonen et Klaus Härö. Une histoire dont on croit d'ailleurs deviner la fin rapidement et qui parvient tout de même à nous surprendre jusqu'au bout. On s'attache facilement et quasiment instantanément à ces personnages simples que tout oppose mais qui se rendent vite compte qu'ils ont besoin l'un de l'autre.

Ce film est donc maîtrisé de bout en bout que ce soit au niveau de l'histoire, de la technique ou bien du jeu des acteurs. Et grâce à ce contrôle de sa production, le réalisateur parvient à nous toucher dans ce que nous sommes. Des humains dotés d'empathie. Et même si l'on ne se reconnaît pas obligatoirement dans les croyances du père Jacob, on se retrouve forcément dans ses valeurs profondément humaines qui font du bien dans ces temps parfois moroses. Au final, "Lettres au Père Jacob" nous ramène modestement à des valeurs d'écoute et de partage. Tout simplement.

Quentin ChirolEnvoyer un message au rédacteur

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