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LES TROIS MOUSQUETAIRES : D'ARTAGNAN

Un film de Martin Bourboulon

Du grand spectacle, aux impressionnantes scènes de bataille

1627. Alors que la ville de La Rochelle est devenue l’avant-poste des protestants en France, le Roi Louis XIII, catholique, rechigne à déclarer la guerre, soucieux de ne pas déclencher une nouvelle Saint-Barthélémy. Mais le Cardinal Richelieu et ses gardes, manœuvrent afin d’obtenir un conflit, interceptant une messagère de la Reine, et remplaçant son message afin de faire croire à cette dernière à un rendez-vous secret en terres françaises, avec le Duc de Buckingham, son amant. Les mousquetaires du Roi sont eux, mis à rude épreuve, alors que D’Artagnan, un jeune gascon, les rejoint, en tant que cadet ambitieux et téméraire…

Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan film movie

Après le non moins ambitieux, mais quelque peu décevant "Eiffel", film à la reconstitution impeccable mais qui manquait réellement de souffle épique, Martin Bourboulon ("Papa ou maman") semble avoir judicieusement rectifié le tir. Car son premier volet des aventures des "Trois Mousquetaires", librement adapté du roman d'Alexandre Dumas, s'avère réellement bluffant dans les scènes de bataille, qu'il s'agissent des duels à l'épée ou de dispositifs de guet-apens plus complexes. La scène de quasi ouverture, après un plan en drone introduisant D'Artagnan en cavalier solitaire traversant des champs, nous plonge d'emblée dans l'action, avec un « faux » plan séquence (les quelques coupes sont invisibles pour le spectateur) ébouriffant, où la caméra passe sous une diligence, semblant adopter l'agilité même du personnage, pourtant soumis aux contraintes du lieu : nuit, pluie battante et boue.

Un des points forts de la reconstitution sera d'ailleurs d'éviter les défauts de nombreux films d'époque américains, en n'hésitant pas à montrer la crasse, la sueur et la saleté, inhérentes à cette époque, où nombre de rues étaient encore en terre. Point de tenues scintillante, de coiffure parfaite, ou de peau immaculée dans ce film, ce qui au passage apporte une touche rustre parfaitement adaptée aux personnages principaux. La modernité est aussi fermement affirmée, montrant sans équivoque, sans pour autant s'y attarder, la bisexualité de Porthos, ou permettant à Lina Khoudri d'incarner le personnage de Constance, logeuse de D'Artagnan. L'histoire d'amour naissante entre ces deux personnages est d'ailleurs des plus charmantes, les quelques scènes de flirt entre eux offrant de jolies respirations au métrage, avec une touche d'humour bienvenue. François Civil s'avère alors tout aussi téméraire que dans ses combats, et Lina Khoudri d'une droiture joliment perturbée.

Mais l'atout majeur du métrage réside dans l'ampleur de ses scènes d'action, accompagnées d'un impressionnant travail sur le son. Les plans-séquences se multiplient, enterrant un instant D'Artagnan, révélant l'ampleur de la garnison, magnifiant la vaillance des trois mousquetaires et de leur compagnon d'infortune. La caméra virevolte, passe régulièrement au raz du sol, ne recule devant aucune contre-plongée, passe les obstacles tel un homme agile, donnant la sensation au spectateur d'être l'un des combattants, esquivant lui aussi les coups. Martin Bourboulon fait aussi monter la tension, quand nécessaire, en utilisant d'abord le hors champs (à l'Abbaye du val-de-Grâce notamment), le son seul, et la fébrilité soudaine de la caméra, annonçant le combat imminent. Un procédé répété vers la fin, alors qu’Athos se rapproche de la Cathédrale. On en ressortira donc fortement impressionnés, comme projetés d'ailleurs à un moment, dans le chaos d'un attentat.

Côté casting, si Eric Ruf, de la Comédie française, qui joue le Cardinal Richelieu, aura sans doute un rôle plus important dans le second volet ("Les Trois Mousquetaires : Milady", qui sortira en salles le 13 décembre), tout comme Eva Green (Milady), ce premier volet confirme que François Civil est l'un des acteurs les plus doués du moment, autant dans les registres du drame, de la comédie, que de l'action. Vincent Cassel parvient à trouver le juste détachement qui fait du personnage d'Athos, un amoureux maudit qui ne croit plus en grand-chose, pas même en lui-même. Mais c'est surtout Louis Garrel qui épate une nouvelle fois, concoctant un roi Louis XIII, mélange de lâcheté, de nervosité, et de naïveté, à la fois drôle et touchant. Au final, "Les Trois Mousquetaires : D'Artagnan", qui n'est pas moins que la 17e adaptation au cinéma du roman de Dumas depuis 1921, est un monument d'action, dont la mise en scène ample magnifie les décors souvent naturels, offrant une riche reconstitution, et porteur d'un indéniable souffle épique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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