LES SENTIERS DE L'OUBLI
D’une belle élégance
Claudina a du mal à faire face à la solitude, suite au décès de son mari. Elle décide alors de se rendre chez sa fille Alejandra et son petit-fils Cristóban. Dans cette ville à laquelle elle n’est pas habituée, elle se trouve vite intriguée par une voisine, Elsa, mariée mais solitaire, qui va lui donner des leçons de conduite et l’aider à s’émanciper…
"Les Sentiers de l'oubli" est un film chilien qui fut présenté au Festival Chéries Chéris 2020 (dont l'édition eu lieu finalement fin juin 2021, du fait du Covid), dont il est reparti avec le prix d'interprétation pour Rosa Ramírez Ríos ("La Visita", "Mala Junta"). Un prix grandement mérité pour celle qui porte le film sur ses épaules, traçant une trajectoire de retour à la vie pour un personnage au départ accablé et très en retrait.
Car le film débute par une belle parabole évoquant à la fois la mort du mari et la solitude de la femme. Son visage apparaît dans la lumière de gyrophares, en pleurs, et le flou se fait progressivement. Puis on l'aperçoit seule, assise devant la maison avec pour seul compagnon un chien. Après une ellipse, elle déménage, et la rencontre se fait, la réalisatrice mettant en avant une complicité qui se meut en tendresse, préférant s'attarder sur les confidences réciproques, avant d'esquisser leurs premiers élans.
Sans angélisme, le scénario aborde les questions de clandestinité, de réputation, de poids de la religion, comme d'affirmation de soi. Et la mise en en scène de Nicol Ruiz Benavides vient délicatement montrer le désir, l'attirance, nimbant d'une couleur orangée les moments les plus libres (dans le cabaret où chante Léa, le fort à propos nommé « Porvenir » : « L'avenir »), leur conférent comme un aspect rêvé. De quoi préparer une fin émouvante, cependant tournée vers l'espoir, qu'accompagne joliment la chanson « No Soy de aqui, Ni Soy de alla », reprise par Flora Martínez.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur
