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LE SEL DES LARMES

Un film de Philippe Garrel

L’anecdotique émergence de l’amour

Le jeune Luc débarque à Paris pour passer le concours d’entrée à l’école Boulle et devenir ébéniste. Attendant le bus, il remarque à l’arrêt d’en face une jeune femme, qu’il se décide à aborder. Commence alors une aventure avec Djemila. Mais Luc a laissé derrière lui Geneviève, qu’il retrouve lorsqu’il rentre chez son père…

Le sel des larmes film image

Avec une scène d’ouverture en forme de rencontre, le dernier Philippe Garrel démarrait sous le signe du charme. Charme de la très élégante photographie en noir et blanc, charme de la situation et d’une jeunesse que rien ne freine, et charme de ses deux interprètes (Oulaya Amamra, découverte flamboyante de "Divines" et Logann Antuofermo, parfaitement intrigant). Malheureusement, avec le retour dans le village du père, le film se mue rapidement en petite bluette superficielle, ne traitant ni vraiment de la quête de l’alter ego en amour, vendue pourtant à grand renfort d’une voix-off explicative, ni du rapport au père.

Malgré ses efforts, Logann Antuofermo manque cruellement de grain à moudre pour donner de la substance à son personnage, celui-ci se laissant aller au fil des rencontres, en fonction de son envie ou de sa lâcheté, soulignées par la voix-off. Ne sont donc au programme, ni une vraie souffrance dont il aurait exprimé les larmes, ni un contact substantiel avec ce père respecté et admiré, interprété avec tact et émotion par un André Wilms décidément trop rare.

Si le film se regarde sans déplaisir, à la manière d’un vieux roman photo, quelques répliques font forcément sourire le public d’aujourd’hui, quand ils ne relèvent pas de la plus pure banalité (« Paris est plein de tentations », ou l’échange « Je suis enceinte » / « Tu m’as trahi »). Et que dire des quelques bons mots qui ne sonnent ni naturel ni poétique (« On remplacera jamais les putains, tu trouves la fille et dix minutes après, elle est nue »…). Au final "Le sel des larmes" semble une œuvre d’un autre temps, qui restera comme anecdotique dans la filmographie de Philippe Garrel, laissant le public quelque peu pétrifié par l’absence d’enjeu véritable ou leur négation par le ton adopté.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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