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LE ROI

Un film de David Michôd

All the king’s men

En fin de règne, Henry IV désigne son fils cadet Thomas pour lui succéder, car son fils aîné Hal vit dans la débauche. Mais lors de son premier combat Thomas se fait tuer. A la mort de son père, Hal devient alors le nouveau roi, Henry V. Réticent à l’idée d’engager une guerre contre la France, il finit par se laisser convaincre de l’hostilité de ce pays à son égard. Il traverse alors la Manche avec son armée et entame une campagne militaire qui le conduira jusqu’au roi de France…

Le roi film image

Sortie sur Netflix le 01er novembre 2019

Il a été beaucoup reproché au film de David Michôd, présenté Hors compétition au dernier Festival de Venise, de s’éloigner fortement de la vérité historique. Mais qu’importe finalement, il n’est pas interdit de prendre des libertés avec le passé si l’on ne prétend pas à l’exactitude scientifique. Mais d’autres griefs peuvent en revanche lui être faits.

Le message que véhicule cette histoire est simple : les guerres et les répressions ne résultent que des caprices, des folies ou des querelles des dirigeants des nations. Par conséquent il serait plus logique qu’ils s’affrontent eux-mêmes, en combat singulier, cela éviterait à des milliers de soldats de se faire massacrer. Cette vision n’est pas seulement simple, elle est simpliste. Ici toute mise en contexte historique est évacuée, toute analyse de l’origine profonde des conflits est ignorée. Comme si l’histoire du monde n’avait été façonnée que par la méchanceté des uns et la manipulation des autres.

C’est un peu court et cela manque de consistance, tout comme la prestation de Timothée Chalamet qui est difficilement crédible dans le rôle. Sans être mauvais, il manque simplement d’envergure et n’est pas habité par son rôle. Il s’avère inexpressif, mou et se contente de serrer les dents pour avoir l’air grave et sérieux. Cela ne suffit pas. Edgerton en revanche est un bon Falstaff, on aurait donc aimé que le personnage soit plus développé et mieux employé (même s’il reste déterminant).

"The king" bénéficie d’une photographie soignée, mais il apporte peu de choses au genre. Le réalisateur a été très inspiré par le début de la campagne militaire : la traversée de la mer en bateau, l’arrivée des troupes anglaises en France et le siège du château. Toute cette partie se déroule dans un grand calme, c’est une attaque sourde et tranquille. Cela permet de comprendre instinctivement l’état d’esprit de ce roi, qui débarque presque à contre-cœur en terre étrangère. L’attaque de la première citée est filmée de manière très élégante avec cette pluie de projectiles qui forment d’inquiétantes lueurs dans la nuit.

La bataille d’Azincourt, qui fait figure de climax, est quant à elle beaucoup moins intéressante. Sa mise en scène ne permet pas vraiment de comprendre le tournant historique qu’elle représente. Se focalisant sur la mêlée et le combat en corps-à-corps, la séquence emprunte clairement son esthétique à celle de "Gladiator" (la séquence d’ouverture) et à celle de "Games of Thrones" (la bataille des bâtards), sans leur arriver à la cheville. Mais elle est surtout gâchée par l’utilisation facile et abusive des ralentis et, à mi-parcours, de la musique.

Un film qui mérite donc largement d’être discuté, mais qui n’est pas le navet que certains dénoncent.

David ChappatEnvoyer un message au rédacteur

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