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LE BLUES DE MA RAINEY

Un film de George C. Wolfe

Aussi galvanisant que déchirant

Levee est un ambitieux trompettiste qui se voit offrir l’opportunité de participer à l’enregistrement du nouveau disque de la légendaire Ma Rainey, la « Mère du Blues ». Mais bien décidé à percer également en solo, le jeune homme ne compte pas se laisser marcher sur les pieds. La journée va alors prendre une toute autre tournure…

Évidemment, il y a dès les premières secondes du film une émotion particulière. Voir le visage de Chadwick Boseman, observer le comédien livrer une prestation habitée, alors que l’on connait la suite de son destin tragique. La maladie qui le rongeait déjà à l’époque. Le choc de sa mort un vendredi d’août 2020. Le perfectionniste qu’il était n’aura laissé aucun détail lui échapper, bouclant la boucle en retrouvant pour ce qui restera son dernier passage devant une caméra, l’acteur américain Denzel Washington, ici producteur, qui avait financé une partie de ses études à Oxford.

Dans cette adaptation d’August Wilson, dramaturge connu pour son "Cycle de Pittsburg" où chaque pièce s’intéressait à une décennie du XXème siècle narrant le sort des Noirs aux États-Unis (pour en connaître plus sur cet immense auteur, on vous conseille notamment le documentaire "Trouver sa voix : Le Concours August Wilson"), Chadwick Boseman incarne Levee, un trompettiste fongueux et ambitieux, passionné par son art et prêt à tout pour prouver au monde qu’il est l’un des meilleurs musiciens. Réuni avec plusieurs de ses collègues dans le Chicago fiévreux des années 20 afin d’enregistrer le nouveau disque de Ma Rainey, le jeune homme va rapidement devenir le centre de l’attention, invitant ses collègues à échanger sur de nombreux débats animés.

Tourbillonnant et virevoltant, le métrage est une arène où les protagonistes s’affrontent à coups de bons mots. Si la mise en scène, trop proche du théâtre, ne transcende pas le huis clos, les pamphlets bouillonnants des comédiens compensent parfaitement ce manque d’ambition formelle. Viola Davis offre une nouvelle grande performance, mais tous les regards ne peuvent s’éloigner de la silhouette longiligne de Chadwick Boseman, le comédien électrisant la pellicule. Bercé par des sonorités entraînantes, "Le Blues de Ma Rainey" porte en lui une nouvelle mélancolie, celle d’un testament cinématographique précieux. Goodbye Mister Boseman !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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