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LA MALÉDICTION : L'ORIGINE

Un film de Arkasha Stevenson

Le déjà-vu est-il une malédiction ?

Envoyée à Rome pour rejoindre les rangs de l’Église, une jeune Américaine se rend rapidement compte que les murs du couvent semblent cacher de terribles secrets. Pire encore, elle pourrait être impliquée malgré elle dans une entreprise visant à réveiller des forces du Mal…

Si Richard Donner est passé à la postérité, c’est en grande partie pour "L’Arme fatale", "Superman" ou encore "Les Goonies". Or, au milieu des années 70, le cinéaste signait un film d’horreur considéré par les puristes comme un classique indiscutable : "La Malédiction". Si de ce côté de l’Atlantique, le métrage bénéficie d’une notoriété moins grande que "L’Exorciste", "Massacre à la tronçonneuse", "Halloween : La Nuit des masques" ou encore "Carrie au bal du Diable", tous issus de la même décennie, l’œuvre originelle a bien été à l’origine de plusieurs suites, pas franchement inspirées comme le veut souvent la tradition suite à un succès important d’un film de genre. Mais malgré nos réticences, cette version de 2024 suscitait notre curiosité. Tout d’abord, parce que les scénaristes ont décidé de signer un prequel, mais aussi par son casting, avec notamment la présence de Bill Nighy, peu habitué à ce type de productions.

Malheureusement, aucune originalité ne viendra sortir cette nouvelle cuvée de son chemin tout tracé, empruntant tous les codes de la nonnesploitation et distillant de manière trop prévisible ses jumpscares. A contrario du récent "Immaculée" qui avait osé opter pour une proposition plus radicale, "La Malédiction : L’Origine" semble tourner en boucle sur un scénario très proche : l’arrivée d’une jeune américaine dans un couvent en Italie où l’ambiance révélera bientôt des phénomènes occultes. Dans les deux projets, on retrouve cette volonté de traiter la question du corps féminin par un prisme contemporain, construisant le récit en écho des problématiques post #MeToo. Mais le thriller d’épouvante d’Arkasha Stevenson appuie trop les messages, souligne trop ses effets, annihilant progressivement tout l’impact de la forme et du fond. Et la singularité de son postulat (une secte qui décide de donner naissance à l’antéchrist pour pousser la population à retrouver la foi de Dieu) de s’effacer devant les grosses ficelles de l’histoire.

En plaçant l’intrigue dans le Rome du début des années 70, les auteurs s’offraient pourtant la possibilité de rapprocher leur narration du contexte politique de l’époque, où les mouvements sociaux essayaient tant bien que mal de se faire entendre dans les rues, et où la jeunesse s’exprimait à coups de cocktails molotov contre le système, rejetant au passage la religion. À l’image de cette séquence au cœur d’une émeute, le film ne va jamais au bout de ses bonnes idées, les effleurant systématiquement pour se concentrer sur les artifices habituels (gros plans d’insectes, visions paranoïaques, montage nerveux, sound design racoleur…). Si le métrage jouit d’une certaine qualité plastique, avec plusieurs plans marquants - la protagoniste au centre de jeunes filles au sol, ce même personnage filmé comme si son corps et sa tête s’étaient séparés, cette scène étonnante au cœur de la frénésie d’un bar local - on ne peut que regretter que le résultat ne parvienne jamais à surprendre au-delà de ces quelques fulgurances. La malédiction de l’inachevé…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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