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LA LUTTE DES CLASSES

Un film de Michel Leclerc

Une comédie sociale d'une infinie justesse

Sofia, avocate et Paul, batteur d’un groupe de punk, vendent leur petit appartement parisien pour s’installer en famille dans une maison à Bagnolet. Cinq années plus tard, le couple est confronté à un dilemme : comment rester fidèle à ses principes républicains quand votre fils souffre de voir ses meilleurs copains partir en école privé, alors que lui se retrouve isolé dans une école publique où on lui reproche d’être un petit bobo ?

 

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Révélés au grand public avec l'excellent "Le nom des gens" en 2010, Michel Leclerc et Baya Kasmi n'ont pas leur pareil pour porter un regard sensible et bienveillant sur la société française. Aujourd'hui, tout comme dans "Je suis à vous tout de suite" (un de leurs meilleurs films, injustement passé inaperçu), le duo met en scène une famille issue d'un couple « mixte », mais cette fois de la génération suivante. L'occasion pour nos deux scénaristes de porter un regard contemporain sur l'éternelle lutte des classes.

Sofia, fille d'immigrés et Paul, fils de militants communistes, sont tous les deux d’ardents défenseurs des valeurs républicaines. Or, les discriminations qu'ils ont réussi à surpasser, elle en étudiant et lui en hurlant haut et fort son anticonformisme au sein de son groupe "Amadeus 77", rejaillissent à présent sur leur fils de 8 ans Corentin, surnommé Coco. Dans une France où les communautarismes trouvent un second souffle, le petit garçon est alors isolé entre l'école d'en haut et celle d'en bas.

Pour dépeindre cette société aux multiples vitesses, le deux scénaristes font d'abord état de l'impasse dans laquelle les parents se trouvent. Sofia et Paul ont beau tout essayer pour résoudre le problème, le casse tête est décidément insoluble et sème très vite le désaccord dans le couple. Soi même, en tant que spectateur, on se demande bien comment le film va se sortir de ce sujet, beaucoup plus délicat qu'il n'y paraît.

C'est ici que la magie Leclerc-Kasmi opère. En effet, l'un des grands atouts de ce film, c'est sa propension à aller au fond des choses tout en gardant le juste équilibre. Ni comédie potache, ni drame social, le scénario file droit avec un optimisme qui tient la route, tout en évitant un à un, les écueils du politiquement correct. Les auteurs n'esquivent pas les problèmes mais ne les stigmatisent pas pour autant. Ils connaissent leur sujet sur le bout des doigts et cela leur donne une vraie légitimité pour emmener leur film où bon leur chante.

En effet, sous ses aspects de film sociétal, "La lutte des classes" révèle de très beaux moments d'émotion. Car le film est avant tout une histoire de famille(s) où les parents sont toujours au fond d'eux-mêmes les enfants de leurs propres parents. L'histoire se focalise sur le trio père-mère-fils, avec un punk sur le retour pas si à l'aise que ça avec la différence, une mère qui doit tout gérer car elle est un peu de tous les camps et un petit môme plein d'énergie qui ne comprend pas pourquoi tout se complique autour de lui.

Enfin, pour ajouter à ce film un peu de fantaisie et de légèreté, gravite autour de cette famille singulière, une galerie de personnages décalés et attachants : la grande sœur qui montre qu'elle aime les gens en leur hurlant dessus ; le voisin juif hyper pratiquant qui se barricade alors qu'il apprécie tout le monde ; l'instite (jouée par Baya Kasmi elle-même) qui utilise toujours le vocabulaire ridicule de ses années IUFM ou bien encore le concierge de l'école qui tel un MacGyver de l'Éducation Nationale répare les vitres cassées avec du chewing-gum.

Certes, on peut être déconcerté par la scène finale, où les auteurs se lâchent dans une allégorie lyrique sur l'école, mais qu'importe, l'essentiel a déjà été dit et bien dit, autant sur la forme que sur le fond. La lutte des classes peut avoir lieu, l'important c'est qu'on vive ensemble et qu'on ait tous sur la joue la marque du rouge à lèvre de Leïla Bekhti.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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