LA DISPARITION ?

Un film de Jean-Pierre Pozzi

Autopsie d’un parti politique moribond

Rendez-vous est donné à Julien Dray, rue de Solférino, devant l’ancien siège du Parti Socialiste, lieu hautement symbolique de la victoire de 1981, avec également le dessinateur Mathieu Sapin, celui-ci souhaitant proposer quelques planches de BD en vue de la célébration des 20 ans de cet événement. Mais l’heure n’est plus à la fête…

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Passé par le Festival d’Angoulême, où ce documentaire était l’un des coups de cœur des sélectionneurs, voici qu'arrive sur les écrans cette sorte d’autopsie douce amère du Parti Socialiste, d’où le jeu de mot sur l’affiche "La diPSarition". Le parcours des lieux emblématiques pour ce parti, réduit aujourd’hui à près de seulement 5% des voix, se fera en compagnie de Julien Dray, ancien secrétaire général, mais aussi déjà présent dans l’entourage de Mitterrand puisque issu de l'Unef-ID et entré au PS en 1981. Un homme qui n’a pas peur de regarder les dégâts en face, tout en retraçant avec placidité les événements principaux, constatant les erreurs, des trente dernières années.

Ces divagations urbaines Place de la concorde, Place de la République, au Panthéon, soutiennent des conversations et alternent avec des interviews de personnes autrefois influentes, comme le publicitaire Jacques Séguéla ou la journaliste Laure Adler, tous deux conseillers. Une bonne idée, car en ne laissant jamais la parole aux ténors du parti, cela permet de nous faire entrer dans les coulisses du fonctionnement de celui-ci et d'éviter la langue de Bois. Au fur et à mesure que se racontent des étapes décisives comme « la pause » de 1983, la cohabitation, la dépression post 2002 malgré le bon bilan de Lionel Jospin, la création de SOS racisme, ou des anecdotes sur Mélanchon ministre, la climatisation dans les meeting, les 3 cancers de Mitterrand (et la plaisanterie « que le meilleur gagne »), c’est avec humour que se font les constats de sentiment de trahison d’un idéal, d’influence désastreuse des communicants, d’être arrivé « 7 ans trop tard » pour pouvoir changer les choses, et surtout d’installation du pire : l’indifférenciation.

Passant en revue les différents candidats, de Mitterand à Jospin, d’une Ségolène royale « imprévue et imprévisible » à un François Hollande qui n’a « jamais parlé au peuple de gauche », le réalisateur s’appuie avec parcimonie sur le talent d’observateur de Mathieu Sapin, ses croquis et sa capacité a présenter les archives comme des cases de BD. Tout cela pour arriver à une conclusion en forme de petite note d’espoir, questionnant sur la capacité d’un mouvement qui a dû vendre les bijoux de famille (Solferino) à reconstruire sur le pire. On en ressort un peu plus éclairé sur les rouages, les jeux de pouvoir et les influences d’un (autrefois grand) parti, et persuadé que la cause n’est pas forcément perdue.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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