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LA COMMUNION

Un film de Jan Komasa

L’habit fait le moine, et un très bon film !

Daniel a enfin l’opportunité de quitter le centre de détention dans lequel il a déjà passé trop de temps. Mais alors qu’un emploi l’attendait dans un atelier de menuiserie, celui-ci se retrouve à remplacer le prêtre local suite à un concours de circonstance. Et c’est toute la petite communauté locale qui va s’en retrouver chamboulée…

La communion film image

Nommé à l’Oscar du meilleur film étranger, "La Communion" débarque enfin sur nos écrans, après avoir fait le bonheur de plusieurs festivals, dont Venise et Toronto en 2019. Inspiré de faits réels, l’intrigue suit Daniel, un gamin de vingt ans incarcéré dans un centre de détention pour jeunes délinquants. Entre les quatre murs de cet espace où règnent la violence et les règlements de compte sordides, à l’image de la séquence d’ouverture, le garçon a trouvé la foi. Mais comme l’exigent les règles ecclésiastiques, impossible de devenir prêtre lorsque son casier judiciaire n’est pas vierge. Résigné, l’adolescent accepte un emploi dans une menuiserie du fin fond de la Pologne, seule échappatoire à sa claustration. Là-bas, il va pourtant avoir l’opportunité de remplacer l’aumônier durant quelques semaines, s’enfermant dans un mensonge dont les conséquences le dépasseront largement.

Claque scénaristique, le film est également une démonstration formelle, le réalisateur magnifiant ses plans fixes et soignant ses cadres pour mieux emprisonner ses protagonistes dans une atmosphère oppressante. Et lorsque la caméra passe à l’épaule, c’est toute la rage contenue qui explose, laissant le spectateur K.O.. Brillante réflexion sur les clivages sociaux ravageant le pays, le métrage est également une chronique intimiste sur la rédemption, celle qui passe par des chemins tortueux, où le bien et le mal ne sont pas antagonistes, mais les mêmes branches d’un tout indivisible. Dans cette zone grise, un acteur rayonne : Bartosz Bielenia. Visage androgyne, grands yeux bleus, il n’était probablement pas destiné à interpréter un tel rôle. Et pourtant, chaque seconde sonne comme une évidence, le comédien interprétant avec force et brio un personnage aux multiples facettes.

Au-delà de cette épatante performance, ce drame passionnant vaut également le coup d’œil pour sa grande ambition, celle d’aiguiser une réflexion sur la religion tout en décriant un système carcéral inefficient, l’irréversible fracture sociale et la situation déplorable d’une jeunesse abandonnée. Trouvant le juste équilibre, Jan Komasa réussit parfaitement à brasser toutes ces thématiques, précisément parce qu’il ne cherche pas à répondre aux questions posées. Il se contente de les dresser sur le chemin de son héros, loin d’être exemplaire et encore moins un Saint, mais dont les convictions et les discours peu orthodoxes vont permettre de réveiller un village trop longtemps endormi dans le conservatisme. À cette "Communion", pas besoin d’être chrétien pour y participer ! Ce sont même les cinéphiles qui en ressortiront les plus épanouis.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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