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KING OF THE ANTS

Un film de Stuart Gordon

Le retour du Roi

Sean est un jeune type sans saveur, naviguant de petit boulot en petit boulot, et qui fait un jour la connaissance d'un homme d'affaire véreux et accepte un job a priori quelconque : la filature d'un avocat chargé d'un dossier compromettant...

Célébré dans le monde entier pour les délires gores de ses débuts ("Re-Animator", "From Beyond"), grand spécialiste de Lovecraft, Stuart Gordon n'a jamais vraiment bénéficié de la reconnaissance qui lui est due. Après le très controversé "Dagon", chouette adaptation lovecraftienne handicapée par un manque de moyen plus que gênant (un accident de voiture très derrickien, des effets-spéciaux un peu... spéciaux), le cinéaste de Chicago change de registre et s'oriente désormais dans le simili-polar à tendance névrotique. Une renaissance cinématographique amorcée avec ce "King of the Ants" des plus détonants. Le départ d'une descente aux enfers particulièrement éprouvante.

S'interdisant toute empathie, Gordon filme la déchéance de cet être vide avec une neutralité hallucinante. Assassin par mécompréhension (!), Sean est capturé et torturé de la plus horrible des manières par un trio de bouseux terriblement humains (parmi lesquels on retrouve le génial Vernon Wells, rescapé de "Mad Max 2"), avant une inévitable vengeance, exécutée avec une froideur déstabilisante.

Aidé par des acteurs parfaits, dont la toute mignonne Kari "Arac Attack" Wuhrer, le papa du déjanté Herbert West semble retrouver une seconde jeunesse, n'hésitant pas à verser dans le gore putride et la déviance la plus... déviante (les hallucinations du « héros »), avant de conclure sur une image finale à la fois affreusement réaliste et carrément iconique, marquant la naissance d'un authentique psychopathe de cinéma, lointain cousin du Michael Myers de Rob Zombie. Polar choc et film d'horreur réaliste, "King of the Ants" est la résurrection artistique d'un cinéaste immense, retour en grâce définitivement prouvé par les œuvres suivantes de Stuart Gordon, le sympathique "Edmond" et le définitif "Stuck". Énorme !

Frederic WullschlegerEnvoyer un message au rédacteur

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