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KILL YOUR FRIENDS

Un film de Owen Harris

Humour noir et immersion sanglante dans l’industrie musicale des années 90

Londres, à la fin des années 90, le pop rock britannique est à son apogée. Un jeune producteur compte bien faire fortune dans cet univers de luxure et d’excès. Et pour y parvenir, tous les moyens sont bons…

Pour son premier film, Owen Harris a décidé de s’attaquer à la britpop, cette mode qui a fait les beaux jours des labels londoniens. Nous sommes à la fin des années 90, le numérique est encore dans l’ombre, l’argent coule à flot pour les producteurs et les musiciens. Et dans ce petit monde de tous les excès, l’arriviste et ambitieux Steven Stelfox compte bien se faire sa place au soleil. Sur le chemin de la gloire et de l’argent facile, tous les moyens sont bons, légaux ou non. D’une noirceur terrible et d’un cynisme ravageur, "Kill your friends" est la rencontre entre "American Psycho" et "99 francs", la chronique acerbe d’un microcosme déconnecté de la réalité.

Trash et survoltée, cette satire est avant tout une plongée vertigineuse dans les coulisses de la scène rock nineties, là où on ne parlait déjà plus musique mais produits et rentabilité. La formule « sexe, drogues et rock’n’roll » est évidemment appliquée sur les presque deux heures du métrage, mais les clichés sont distillés savamment, plaçant le curseur scénaristique du côté de la diatribe déjantée plutôt que du côté de la bouffonnerie caricaturale. Et c’est là où la magie de ce thriller opère : rendre le rocambolesque vraisemblable. De la métaphore sur l’ascension sociale à l’application littérale d’une loi de la jungle où l’on écrase les plus faibles, le film développe ses thématiques avec classe et brutalité, mariant la sauvagerie et l’absurde.

Si la comédie dramatique est grinçante, les quelques errances scénaristiques, en particulier dans la caractérisation des seconds rôles, atténuent notre engouement, rendant l’œuvre moins corrosive qu’espérée. Néanmoins, la prestation de Nicholas Hoult est telle qu’il est difficile de s’attarder sur ses quelques défauts, d’autant plus que ceux-ci sont effacés par la mise en scène virtuose d’Owen Harris aguerri sur les plateaux télé. Avec une bande-son électrisante qui trouve une place essentielle dans le récit et ses personnages cocaïnés exubérants, "Kill your friends" est une excellente surprise, une ode à l’amoralité qui n’a pas succombé au politiquement correct. Ne résistez donc pas à ce chaos car il est très plaisant de s’y perdre.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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