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LE JOUR OÙ JE L’AI RENCONTRÉE

Un film de Gavin Wiesen

Encore et toujours le même refrain !

George, garçon solitaire et renfermé, n’est pas vraiment intéressé par les études, préférant sécher les cours que s’enfermer durant des heures pour perdre son temps. Cependant, par une journée ordinaire, et dans sa nonchalance naturelle, le garçon va se dénoncer à la place de Sally, canon de beauté et accessoirement l’une des reines du lycée. À partir de ce moment, la vie du jeune homme va prendre une toute autre tournure...

Avec un titre français de la sorte, on pouvait s’attendre à une overdose de bons sentiments, au pire de la comédie romantique pour jeunes filles en fleurs dont le seul but est de faire pleurer dans les chaumières. Cette impression est grandement renforcée à la lecture du synopsis où l’on découvre la situation classique et stéréotypée des rom-com dont le scénario tient dans une boite d’allumettes : George (Freddie Higmore), adolescent mal dans sa peau, pas très beau, réfractaire au travail, va croiser sur sa route la belle Sammy (Emma Roberts), reine du lycée, le tout étant mis en scène par Gavin Wiesen, autrement dit un inconnu au bataillon.

Pourtant, lorsque l’on sort de la séance, le constat est bien moins atterrant que prévu et l’on doit bien concéder que le film parvient à faire mouche, au moins lors de la première heure. Évidemment, ce film n’est pas un chef-d’œuvre, mais même s’il n’est pas réalisé avec brio, il s’en dégage une certaine magie, notamment dans la relation qui se noue entre les deux protagonistes. Derrière les stéréotypes, se trouvent en effet des caractères beaucoup plus complexes que l’image qu’ils reflètent. Ainsi, George est doté d’une certaine émotion et si son absence de travail pourrait s’apparenter à de la simple paresse, il en est en réalité toute autre chose; quant à Sammy, elle a décidé de dissimuler toute la mélancolie qu’elle renferme derrière le masque de la popularité, préférant se créer un personnage plutôt que dévoiler sa vraie personnalité, cette fragilité émanant lorsqu’elle n’a plus peur de se cacher.

La relation qui les unit sort aussi des sentiers battus. Tantôt amis, souvent ennemis, le spectateur est le témoin d’une rencontre aussi intense et charnelle qu’elle est improbable. En décidant d’éviter nombres de clichés assimilés à ce genre de cinéma, le réalisateur parvient à renforcer la force des liens qui animent cette intrigue, le tout avec une subtilité louable. Malheureusement, le film ne tient pas ses promesses sur la longueur et l’essoufflement initié à la moitié du film a pour conséquence de faire tomber celui-ci dans les travers de l’afflux de bons sentiments, l’enchantement se transformant progressivement en ennui. Malgré tout, les acteurs parviennent à éviter la catastrophe annoncée, notamment grâce à la vulnérabilité qu’ils parviennent à retranscrire. Si l’histoire prend parfois des airs de truisme, leur personnalité jouit d’une certaine originalité, tableau complexe et réaliste, mais incomplet, d’une jeunesse désœuvrée et rêvant d’ailleurs, l’ensemble accompagné d’une bande-son léchée.

Néanmoins, on regrettera le manque d’ambition du réalisateur, celui-ci préférant se concentrer sur une simple romance alors que les pistes ouvertes par les différents problèmes sociaux évoqués permettaient d’entrevoir une autre ligne directrice et auraient pu permettre de transposer le film dans une autre dimension. Simple survol des problèmes de l’adolescence plus que portrait acerbe, « Le Jour où je l’ai rencontrée » est certainement un symbole de l’anhélation des teens-movies qui ambitionnent à être qualifiés de cinéma indépendant. Sans être un désastre, ce film ne marquera pas les mémoires et ne parviendra que par parcimonie à atteindre notre cœur : drôle d’ironie pour une histoire d’amour !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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