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JE VOUS SALUE SALOPE

L’effroyable engrenage du cyberharcèlement

Laura Boldrini en Italie, Laurence Gratton au Canada, Marion Séclin en France, Kiah Morris aux États-Unis : ces quatre femmes ont en commun d’avoir été la cible de cyberharcèlement sexiste…

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Entre témoignages, images d’archives et reconstitutions, "Je vous salue salope" constitue un effrayant aperçu de ce qu’est le cyberharcèlement, et plus spécifiquement sur des thématiques sexistes (auxquelles s’ajoute le racisme dans le cas de Kiah Morris). Appuyant le constat et le propos avec des choix visuels et sonores simples mais efficaces, ce documentaire nous permet de prendre la mesure de ce que vivent les victimes – tout en ayant conscience que l’on ne cerne que très partiellement les bouleversements multiples que ces femmes et leur entourage connaissent.

On alterne entre sidération et indignation, face aux flots de propos haineux, d’humiliations, d’intimidations et de menaces qui se déversent à coups de messages et de vidéos. On pourrait d’abord croire que l’impunité des agresseurs vient de l’anonymat d’Internet, mais le film montre aussi que c’est bien pire : des hommes assument, face caméra, un niveau de misogynie hallucinant.

En se focalisant sur des pays occidentaux et démocratiques, les réalisatrices montrent également que l’expression de cette arrogance patriarcale (et spécifiquement blanche dans les exemples utilisés) peut être, chez nous, tout aussi affreuse que dans des dictatures et théocraties rétrogrades comme la Russie ou l’Afghanistan. Citons par exemple une effigie de femme qui est brûlée en public, un politicien qui lance un appel au viol, un type qui clame que son pays irait mieux si les femmes restaient à la maison, un autre qui affirme que les femmes seraient plus respectueuses si le viol était légal…

Face à tout cela, "Je vous salue salope" fait état des dysfonctionnements de nos sociétés qui ne savent pas protéger et défendre les victimes de cyberharcèlement, soit à cause de législations peu adaptées, soit à cause d’une inaction des autorités (politiques, policières et judiciaires) qui ne prennent pas les plaintes au sérieux et des réseaux sociaux qui ne modèrent pas assez (voire pas du tout). Le constat est sans appel : il faut que ça change. Et vite.

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

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