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JE FAIS LE MORT

Un film de Jean-Paul Salomé

Comédie hors saison

Un acteur particulièrement tatillon a le don d’agacer tellement les réalisateurs qui l’emploient, qu’il se retrouve sans aucune proposition de rôle. Poussé à se remettre en cause par son propre agent, il accepte ce que Pôle emploi lui propose : un cachet de 350 euros plus les défraiements, pour jouer les cadavres dans des reconstitutions de scènes de crime…

Après une scène d'ouverture, représentant un moment de tournage d'une série policière, qui installe le personnage principal comme à la fois méprisant et imbu de sa personne (il agace la réalisatrice en affirmant qu'il y a cent façons d'ouvrir une portière... lui qui sait ce que « jouer » ou « interprêter » signifie), le scénario de Jean-Paul Salomé permet rapidement de nuancer son caractère, en dépeignant sa solitude, la distance installée avec son ex-femme et ses enfants, et une certaine détresse affective qui se traduit en une grande nervosité.

Inspirée de cas réels d'emploi par la justice de véritables comédiens pour jouer dans des reconstitutions de scènes de crime, la nouvelle comédie du réalisateur de "Belphégor", "Les Braqueuses", ou encore "Arsène Lupin", joue sur le caractère inventif des comédiens pour faire évoluer une enquête trop vite ficelée, au grand dam de la jeune juge d'instruction, toute préoccupée de se faire respecter dans un monde d'hommes. L'action se déroule en montagne, hors saison, reflet de l'état désertique des vies privées des deux personnages, mais aussi décors propice au suspense, évoquant de sombres faits divers récents (l'affaire Flactif au Grand Bornand, entre autres).

Épinglant gentiment les travers d'une station hors de prix (Megève), entre magasins de luxe omniprésents et café à 12 euros, le scénario vire à l'improbable enquête policière, alignant de cocasses reconstitutions (la boîte de nuit au fond des bois, les pratiques sado-maso en jacuzzi...), tout en tentant cependant de parler d'êtres humains. Véritable rencontre entre deux acteurs, François Damiens (sa scène publicitaire pour laxatif contraste avec la semi-gravité de son personnage...) et Géraldine Nakache, le film vaut surtout pour la rencontre de leurs deux personnages, avec un monde « rural » qu'ils connaissent mal (l'arrivée à l'hôtel tenu par Anne Le Ny, avec la découverte du business center où trône encore un minitel, vaut son pesant d'or).

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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