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LES INTRUS

Un film de Thomas Guard

De l’inutilité de faire un remake

Anna, qui sort d'un séjour en psychiatrie après avoir assisté à la mort tragique de sa mère dans un incendie, retourne vivre chez son père en espérant y trouver la tranquillité. Mais elle doit subir les remontrances de sa terrible belle-mère et supporter la présence d'un fantôme qui hante la maison. Seule sa sœur est là pour l’aider dans ces épreuves…

Si le manque d’inspiration d’Hollywood n’est plus à démontrer entre les suites des blockbusters des eighties et les remakes toujours plus nombreux, l’apathie de celui-ci est néanmoins confondante. Remake de « Deux Sœurs », film coréen visuellement inspiré mais pas formidablement écrit, le film des frères Guard (inconnus au bataillon) trouve le moyen de saborder ce que l’original pouvait avoir d’intéressant, notamment cette hybridation parfois efficace entre du Polanski (pour les relations anxiogènes entre les personnages) et du Ring. Mais plus encore, une écriture pataude donnant la part belle à la caricature exacerbe le manque d’épaisseur de l’histoire.

Pour qui ne connait pas l’original, le mini twist final peut encore surprendre et donner un peu de piment à l’affaire, mais le film est si mal éclairé, joué et rythmé (une scène « horrifique », un dialogue, une scène « horrifique »…) qu’il est difficile de ne pas s’endormir avant. Ce manque de dynamisme met en lumière les invraisemblances d’un scénario sans queue ni tête. Si remaker un film déjà moyen est d’un mercantilisme assez suspect, les frères Guard nous font en plus grâce d’une mise en scène impersonnelle à souhait, et l’on pense en vrac à Sam Raimi, Hitchcock, Tourneur ou Balaguero. Incapables de la moindre ambition esthétique, ni d’essayer de foutre la trouille sans utiliser de gros sabots, les frères machin se plantent aussi sur le versant du thriller pur.

A force de vouloir ménager le doute quant au secret entourant le personnage de la belle-mère, les réactions de celle-ci paraissent au mieux intrigantes, au pire complètement absurdes. Caricature de la blonde hitchcockienne, ce personnage écrit avec une hache est au final passablement raté, quand bien même il est l’un des pivots de l’intrigue. L’ensemble est symptomatique d’un cinéma américain incapable de se renouveler (Rob Zombie excepté) en matière d’horreur, et qui se contente de décalquer ou d’importer ce qu’espagnols, français, coréens, japonais ou norvégiens insufflent au genre ces dernières années. A savoir un peu de fraicheur.

Thomas BourgeoisEnvoyer un message au rédacteur

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