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INCHALLAH UN FILS

Un film de Amjad Al Rasheed

Le bal de vautours

Un matin, Nawall trouve son mari Amman, décédé auprès d’elle dans le lit. En deuil, elle tente de s’occuper de sa fille Noura. Mais entre les traites que son mari n’avait pas encore payées à son frère, et l’absence de contrat de mariage entre eux, les problèmes vont vite s’accumuler…

Inchallah un fils film movie

Film jordanien, "Inch’allah un fils" frappe par sa maîtrise et la profondeur de son intrigue en forme de descente aux enfers pour une femme devenue soudainement veuve, dont le mari s'est bien peu soucié d’assurer la sécurité en cas d’imprévu. Ayant pourtant payé avec sa dot, une partie de leur appartement, elle voit toute sa vie menacée par l’absence d’enfant masculin et de signature sur un document justifiant de son apport d’argent. Risquant de devoir vendre son logement, elle pourrait aussi perdre la garde de sa fille, le frère du défunt pouvant éventuellement réclamer sa garde, s’il parvient à prouver qu’elle n’a plus les moyens de l’élever.

S’enclenche alors une sorte de course contre la montre, dans laquelle le fantastique pointe son nez sous forme de présage, le réalisateur ajoutant au suspense en semant le doute sur la signification de ce dernier et en démultipliant les possibilités d’actions de son personnage, de plus en plus aux abois. Fonctionnant à la manière de certains films des Dardenne, voire des films iraniens de Asghar Farhadi, le scénario mêle tentative de survie face à des personnages masculins qui agissent comme des vautours (le beau frère voudrait récupérer le pick-up de son frère en guise de remboursement...) ou des traîtres (l’attitude du frère de Nawall devient progressivement ambiguë...) et questions de morale et de réputation.

Mouna Hawa, interprète principale, est tout juste sidérante, affichant une combativité quasi sans faille, face aux choses que la loi des hommes lui interdit en tant que femme, et à l’hypocrisie d’hommes qui convoquent la religion lorsque celle-ci les arrange (la notion de péché est souvent bien pratique) et n’hésitent pas à saisir la justice pour parvenir à leurs fins. Abordant également, au travers d’un personnage féminin secondaire, le thème de l’avortement, mais touchant aussi au harcèlement de rue, "Inchallah un fils", récompensé du Prix Fondation Gan à la diffusion du côté de la Semaine de la critique, est une vision sans concession de la société patriarcale, que l’on ne saurait que trop conseiller.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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